SENTV : L’Alliance Pour la République (APR), parti de l’ancien président Macky Sall, hausse le ton face à ce qu’elle considère comme un flou inquiétant sur la gestion actuelle des finances publiques. Dans un communiqué publié ce dimanche 12 octobre, le Secrétariat Exécutif National (SEN) de l’APR a demandé formellement au gouvernement Diomaye-Sonko de rendre publics quatre documents clés relatifs à la dette et à la situation budgétaire de l’État.
Cette requête intervient dans un contexte tendu, marqué par trois baisses successives de la note souveraine du Sénégal en 18 mois par les agences de notation, signalant une perte de confiance des marchés dans la capacité de l’État à honorer ses engagements financiers.
Le parti réclame la publication des documents suivants, qu’il considère comme essentiels pour éclairer l’opinion sur l’état réel des finances publiques :
Le rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) couvrant la période 2019 au 31 mars 2024 ;
Le rapport provisoire de la Chambre des Affaires Budgétaires et Financières de la Cour des Comptes ;
Le rapport du cabinet Forvis-Mazars, en charge de l’audit indépendant de la dette publique ;
Le dernier bulletin statistique de la dette publique, dont la dernière édition publique remonte à juin 2024.
« La situation actuelle exige une transparence totale. Le peuple sénégalais a le droit de savoir ce qu’il en est réellement de la dette contractée, de sa gestion, et de sa soutenabilité », affirme le communiqué signé par le SEN de l’APR.
L’APR fixe un délai d’une semaine aux autorités pour rendre ces documents accessibles. À défaut, le parti annonce des actions coordonnées avec d’autres forces politiques et citoyennes pour obtenir ce qu’il qualifie de « vérité comptable ».
« Passé ce délai, nous nous réserverons le droit d’engager des actions d’envergure pour exiger la transparence et la reddition de comptes au peuple. Il en va de la crédibilité de l’État. »
Cette sortie de l’APR s’inscrit dans une stratégie de contre-attaque face à un discours gouvernemental qui pointe régulièrement la « mauvaise gestion » et « l’endettement excessif » du précédent régime. En exigeant la publication d’audits et de rapports officiels, l’ex-parti au pouvoir entend défier la narration du tandem Sonko-Diomaye sur l’héritage économique.
« Nous refusons que l’on travestisse le bilan du président Macky Sall. L’histoire économique ne se réécrit pas avec des slogans. Elle se démontre avec des chiffres, des rapports et des faits », poursuit le communiqué.
Depuis l’installation du nouveau gouvernement en avril 2025, les finances publiques font l’objet d’un scrutin constant, tant de la part des bailleurs que des citoyens. Le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko ont promis une politique de “réalignement budgétaire”, combinant audit, rationalisation des dépenses et recherche de financement plus souverain, notamment à travers les récents Diaspora Bonds.
Mais pour l’APR, l’opacité qui entoure encore certaines données budgétaires nuit à la crédibilité du pouvoir actuel, surtout après avoir lui-même fait de la transparence un pilier de sa gouvernance.
Cette offensive de l’APR illustre une volonté de reprendre l’initiative politique, non pas sur le terrain idéologique, mais sur celui de la responsabilité budgétaire. Si les documents exigés venaient à révéler des zones d’ombre dans la gestion passée, le pari pourrait être risqué. Mais s’ils confirment une dette maîtrisée jusqu’en 2024, l’APR pourrait marquer un point face à un pouvoir accusé d’exagérer l’héritage pour justifier certains choix économiques.
La rédaction de la SENTV.info