SENTV : À quelques semaines de la tenue du dialogue national convoqué par le Président Bassirou Diomaye Faye pour le 28 mai, l’Alliance pour la République (APR), ex-parti au pouvoir, donne des signes de repli stratégique. Une partie significative de ses cadres plaide pour un boycott pur et simple du rendez-vous politique initié par la nouvelle majorité. Et au cœur de ce dilemme : l’ombre de l’ancien président Macky Sall, dont la position reste pour l’instant inconnue.
Comme chaque jeudi, les responsables de l’APR se sont retrouvés à la permanence nationale du parti. Selon Les Échos, cette réunion a été marquée par une opposition claire à toute participation au dialogue. Plusieurs anciens dignitaires du régime sortant — ministres, parlementaires ou responsables régionaux — remettent en cause la sincérité du processus et dénoncent un manque de garanties réelles sur les résultats attendus.
« Si cela ne dépendait que de nous, l’APR n’irait pas au dialogue du 28 mai », confie un cadre influent du parti, sous couvert d’anonymat. Une phrase révélatrice du climat de méfiance qui s’installe entre les anciens détenteurs du pouvoir et l’administration issue de l’alternance du 24 mars.
Dialogue ou vitrine politique ?
Pour les franges les plus réfractaires de l’APR, ce dialogue est perçu non pas comme une main tendue, mais comme une mise en scène orchestrée par PASTEF pour valider une ligne politique sans réelle volonté d’ouverture. Les critiques pointent notamment l’absence de cadre préalable de concertation, le flou autour des thématiques à aborder, ainsi que l’absence de garanties d’équité entre les forces politiques.
Au-delà du fond, c’est la forme qui irrite : la brutalité de la rupture politique post-alternance, le ton parfois clivant de certains responsables de PASTEF, et les accusations récurrentes contre les anciens dirigeants alimentent un ressentiment que le dialogue peine à dissiper.
Macky Sall, la clé d’un éventuel revirement
Dans ce contexte tendu, le rôle de Macky Sall s’annonce déterminant. L’ancien président, resté discret depuis son départ du pouvoir, n’a encore donné aucun signal officiel sur la ligne à adopter. Mais son silence, pour l’heure, maintient son parti dans l’expectative. Un positionnement clair de sa part pourrait faire basculer l’APR dans un camp ou dans l’autre.
« Si Macky Sall donne son feu vert, l’APR pourrait participer au dialogue. S’il s’aligne sur les plus radicaux, c’est l’option du boycott qui sera actée », résume un ancien député du parti.
Un test pour l’inclusivité
Cette posture hésitante relance le débat sur l’inclusivité du dialogue voulu par Diomaye Faye. Le chef de l’État, dans ses premières prises de parole, avait promis une concertation ouverte à toutes les sensibilités politiques, sociales et religieuses. L’absence de l’APR — pilier de la décennie passée — risquerait toutefois de réduire la portée nationale de cette rencontre, censée poser les fondations d’un nouvel équilibre institutionnel.
Au-delà du symbole, c’est donc l’efficacité du processus qui est en jeu. Car un dialogue sans contradiction, aussi apaisé soit-il, pourrait vite tourner à l’exercice de légitimation.
À suivre : Macky Sall sortira-t-il de sa réserve avant le 28 mai ? La question reste ouverte, mais chaque jour qui passe alourdit le poids politique de son silence.
La rédaction de la SENTV.info