Dialogue national : Le CDEPS hausse le ton pour sauver la presse en péril

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SENTV : Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS) ne compte pas jouer les figurants au Dialogue national lancé par le président Bassirou Diomaye Faye. Dans un communiqué rendu public ce lundi, l’organisation professionnelle a annoncé sa participation, tout en posant des exigences fermes pour défendre une liberté de la presse qu’elle juge en net recul.

Alors que le pays s’engage dans une vaste concertation censée redéfinir les fondements institutionnels et démocratiques du Sénégal, le CDEPS met en garde contre la marginalisation des médias, victimes selon lui d’entraves multiples et répétées ces dernières années. « La liberté de la presse ne saurait être reléguée au second plan dans ce Dialogue. Elle est l’un des piliers d’une démocratie saine », souligne le texte.

Une présence conditionnée à des réformes de fond

Avant même de confirmer sa participation, le CDEPS avait transmis ses observations sur les termes de référence du Dialogue national. Désormais, une délégation officielle s’apprête à prendre part aux travaux, mais avec un mandat clair : obtenir des réformes structurelles pour garantir l’indépendance et la survie du secteur.

L’organisation réclame notamment une révision du Code de la presse – souvent critiqué pour ses zones d’ombre – ainsi que du Code pénal et du Code de procédure pénale, trop souvent utilisés pour museler les voix critiques. Le CDEPS insiste également sur l’impératif d’inclure la presse privée dans les dispositifs de couverture des campagnes électorales, jusque-là largement monopolisés par les médias publics.

Une stratégie nationale pour une presse en mutation

Autre cheval de bataille : l’adoption d’une Stratégie nationale de l’Information et de la Communication (SNIC), outil jugé indispensable pour accompagner les mutations du paysage médiatique à l’ère numérique. Entre crise économique, désinformation galopante et pressions politiques, les médias sénégalais peinent à remplir leur rôle de contre-pouvoir.

Le CDEPS se réfère aux engagements pris par le Sénégal à travers sa Constitution et les conventions internationales en matière de liberté de la presse, pour exiger des garanties tangibles et durables.

« Ce Dialogue ne doit pas être une opération cosmétique. Il s’agit d’une opportunité historique de refonder le contrat entre l’État et les médias », prévient un membre du bureau du CDEPS joint par nos soins.

Le contexte d’un secteur fragilisé

Ces revendications interviennent alors que le paysage médiatique sénégalais traverse une zone de turbulence. Fermetures de journaux, suspensions de sites web, emprisonnement de journalistes, précarité économique… Le tableau dressé par le CDEPS est alarmant. Il alerte sur les menaces pesant sur l’indépendance éditoriale et la pérennité des entreprises de presse.

En prenant part au Dialogue national, les éditeurs veulent ainsi influer sur l’agenda politique pour faire entendre la voix d’un secteur qui réclame des actes forts. Car sans presse libre et indépendante, soulignent-ils, aucun progrès démocratique ne saurait être durable.

La rédaction de la SENTV.info 

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