Dialogue national sur le système politique : entre avancées notables et lignes de fracture persistantes

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SENTV : Le dialogue national sur le système politique a livré ce mercredi ses conclusions, dans une ambiance marquée par des consensus inédits, mais aussi des clivages profonds. Présidées par le ministre de la Justice, les séances de restitution ont donné lieu à des échanges nourris entre majorité, opposition, société civile et experts, révélant les avancées possibles mais aussi les limites d’un exercice de concertation aussi ambitieux que sensible.

Des points d’accord significatifs

Plusieurs recommandations ont fait l’objet d’un large consensus. Parmi les plus notables, figure l’interdiction du cumul des fonctions de chef de l’État avec celle de chef de parti, mesure saluée comme un signal fort en faveur de la séparation des pouvoirs. Un accord similaire a été trouvé sur l’incompatibilité entre fonctions gouvernementales et mandats locaux, et sur la nécessité de rationaliser un paysage politique jugé excessivement morcelé.

En matière de financement politique, les acteurs ont unanimement validé le principe d’un encadrement strict, aussi bien des financements publics que privés – ces derniers devant être exclusivement réservés aux citoyens nationaux. Les participants ont également plaidé pour une centralisation des textes relatifs à la vie des partis politiques dans un corpus juridique unique, afin de renforcer la clarté et la transparence.

Une opposition structurée mais contestée

L’un des principaux points de friction concerne le statut de l’opposition. Si l’opposition et la société civile voient dans sa formalisation un impératif démocratique, la majorité a exprimé ses réticences, invoquant son coût, son incompatibilité avec le régime en place et une efficacité incertaine. Un désaccord d’autant plus symbolique qu’il touche à la reconnaissance institutionnelle du pluralisme.

Autre sujet sensible : la création d’un Observatoire national de la démocratie, soutenue par les acteurs non gouvernementaux, mais jugée redondante par la majorité, qui préfère renforcer les structures existantes. Des divergences subsistent également sur l’élargissement de la saisine du Conseil constitutionnel aux citoyens, bien qu’une réforme en ce sens soit officiellement « en cours ».

Libertés publiques et justice électorale au cœur des débats

Le dialogue a aussi porté sur les libertés fondamentales, notamment la liberté de manifestation, la protection des journalistes et la lutte contre les poursuites abusives. La société civile a réclamé une révision du code de la presse, alors que le gouvernement a rappelé l’existence de projets de loi sur les lanceurs d’alerte et l’accès à l’information.

Sur le plan électoral, l’audit du fichier électoral, la dématérialisation des procédures, le vote des détenus, le vote électronique expérimental et le bulletin unique ont fait l’objet d’un consensus. L’opposition a également obtenu gain de cause sur la garantie du droit de vote pour les personnes en détention, une mesure saluée comme un pas important vers l’inclusivité.

En revanche, les modes de scrutin aux élections législatives et territoriales restent controversés. L’opposition et la société civile réclament des simulations comparatives basées sur les scrutins passés afin de réviser les systèmes en vigueur. La majorité, elle, reste attachée au statu quo.

Une réforme à poursuivre

Faute de temps, trois questions pourtant cruciales n’ont pu être traitées : la participation des candidats détenus aux élections, les modalités d’un régime spécial pour les scrutins anticipés, et l’introduction d’une enquête de moralité préalable pour les candidats. Des sujets reportés mais jugés « prioritaires » par les différentes composantes du dialogue.

Un dialogue à double visage

Ce dialogue a confirmé une chose : les acteurs politiques et sociaux du pays peuvent s’accorder sur des principes essentiels, à condition que la volonté politique suive. Mais il a aussi mis en lumière les lignes de clivage persistantes, notamment sur la gouvernance démocratique et l’équilibre des pouvoirs.

Au-delà des recommandations, c’est désormais au gouvernement de transformer ces discussions en réformes concrètes. Et à la société civile, de maintenir la pression pour que les engagements consensuels ne restent pas lettre morte.

La rédaction de la SENTV.info

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