SENTV : Malgré les efforts notables pour élargir l’accès à l’enseignement, le système éducatif sénégalais est confronté à une situation préoccupante. Le dernier Rapport d’état du système éducatif national (Rasen), publié conjointement par l’UNESCO, l’OCDE et le Secrétariat du Commonwealth, dresse un constat alarmant : plus de 70 % des élèves sénégalais ne maîtrisent pas les compétences de base en lecture, en mathématiques et en compréhension.
Présenté cette semaine à Dakar lors d’un atelier de restitution, le rapport met en lumière les failles profondes et persistantes du système éducatif. Guillaume Husson, chef du secteur Éducation au bureau régional de l’UNESCO, a souligné que l’élargissement de l’accès à l’école n’a pas été accompagné d’un véritable gain en qualité :
« Une part importante des élèves sénégalais n’atteint toujours pas les compétences minimales attendues, ce qui compromet leur avenir et celui du pays », a-t-il déclaré, relayé par le quotidien Le Soleil.
Un système à deux vitesses
Le rapport met également en exergue les inégalités territoriales criantes. Dans des régions comme Kaffrine, Diourbel ou Matam, l’exclusion scolaire reste endémique. Près de 1,86 million d’enfants âgés de 6 à 16 ans, soit 37,8 % de cette tranche d’âge, sont hors du système scolaire.
Cette fracture éducative est d’autant plus marquée en zone rurale, où les infrastructures, le personnel qualifié et les outils pédagogiques sont souvent insuffisants. Ce déséquilibre compromet les ambitions nationales en matière de développement humain et accentue les écarts sociaux.
Des conséquences économiques lourdes
Le rapport ne se limite pas à dresser un état des lieux. Il met également en évidence les conséquences économiques à long terme de cette crise éducative. Un déficit de compétences généralisé alimente le chômage des jeunes, freine la compétitivité nationale et alourdit le coût social de l’inaction.
Face à cette réalité, Khady Diop Mbodji, secrétaire générale du ministère de l’Éducation nationale, a appelé à une mobilisation rapide :
« Le rapport ne se limite pas à une photographie du système éducatif. Il constitue un outil stratégique d’aide à la décision, qui doit permettre d’ajuster les politiques en fonction des besoins réels du terrain », a-t-elle assuré.
Des recommandations attendues, une volonté politique incertaine
Les experts préconisent une réforme en profondeur : revalorisation de la formation des enseignants, investissement dans les écoles rurales, amélioration des contenus pédagogiques, et mise en œuvre d’évaluations régulières des acquis scolaires. Mais sans un engagement politique fort, ces recommandations risquent de rester lettre morte.
Alors que le Sénégal aspire à devenir une économie émergente à l’horizon 2035, la qualité de son éducation reste un maillon faible, trop souvent relégué au second plan des priorités budgétaires. Ce rapport, aussi sévère soit-il, sonne donc comme un ultime signal d’alarme.
La rédaction de la SENTV.info