Le Sénégal a ouvert, ce mercredi, les Assises nationales des Daara, une initiative inédite qui marque un tournant dans la reconnaissance et l’intégration des écoles coraniques dans le système éducatif national. Lancées sous l’égide du Président Bassirou Diomaye Faye, avec l’implication directe du Premier ministre Ousmane Sonko, ces assises traduisent une volonté politique affirmée de réformer en profondeur l’enseignement religieux, tout en respectant ses fondements traditionnels.
SENTV: Organisé à Dakar, ce cadre de dialogue vise à redéfinir le statut, le fonctionnement et les perspectives des daara – institutions éducatives islamiques présentes depuis des siècles sur l’ensemble du territoire sénégalais. Selon les données du ministère de l’Éducation nationale, plus de 1,5 million d’enfants fréquentent aujourd’hui un daara, souvent dans des conditions précaires, loin des normes de l’éducation formelle.« Les daara font partie intégrante de notre patrimoine spirituel et éducatif. Il est temps de leur offrir un cadre structuré, digne, et respectueux de leur identité », a déclaré Moustapha Mamba Guirassy, ministre de l’Éducation nationale, dans une déclaration relayée sur la plateforme X (anciennement Twitter).
Les assises réunissent une diversité d’acteurs : borom daara (maîtres coraniques), ndeyu daara (enseignantes traditionnelles), ndongo daara (élèves), représentants des familles religieuses, spécialistes de l’éducation, organisations de protection de l’enfance, ainsi que des partenaires techniques et financiers. L’objectif est clair : bâtir ensemble un cadre réglementaire qui respecte l’âme des daara tout en améliorant la qualité de vie et la sécurité des enfants qui y étudient.
Dès son investiture, le Président Diomaye Faye avait inscrit la réforme des daara parmi ses priorités. Le Premier ministre Ousmane Sonko, lui-même défenseur d’un modèle éducatif ancré dans les réalités culturelles et religieuses du pays, a plaidé pour un « dialogue sincère avec les acteurs du terrain ».
Parmi les thématiques au programme de ces assises figurent :
la professionnalisation des borom daara, l’encadrement juridique et administratif des établissements, l’amélioration des conditions d’hébergement et d’alimentation des élèves ;
la lutte contre la mendicité forcée, souvent dénoncée par les ONG ;
l’intégration progressive de programmes modernes (alphabétisation, mathématiques de base, éducation civique).
Ces assises pourraient déboucher sur l’adoption d’un statut officiel pour les daara, longtemps restés en marge du cadre institutionnel. Cette reconnaissance permettrait notamment l’accès à des subventions, à des formations pour les maîtres coraniques, et à des infrastructures éducatives de base.
Selon plusieurs observateurs, cette démarche pourrait aussi renforcer la résilience sociale, en réduisant les vulnérabilités liées à l’abandon scolaire, à l’errance urbaine des enfants talibés, et aux pratiques non encadrées.
La rédaction de la SENTV.info