Élections 2025 : Abidjan sous tension, la marche de l’opposition interdite pour « risque de trouble à l’ordre public »

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SENTV : À 24 heures de la marche prévue par le Front Commun PPA-CI / PDCI-RDA, la Préfecture du département d’Abidjan a tranché. Par un arrêté préfectoral pris ce jeudi 2 octobre, la manifestation annoncée pour le samedi 4 octobre 2025 est formellement interdite, invoquant un risque élevé de troubles à l’ordre public dans un contexte électoral jugé sensible.

Dans le document officiel consulté par notre rédaction, le Préfet s’appuie sur la loi n° 2014-388 relative aux manifestations sur la voie publique, ainsi que sur les décrets réglementaires en vigueur. L’arrêté précise clairement :

« Est interdite la marche du Front Commun PPA-CI/PDCI-RDA prévue le samedi 4 octobre 2025, du Boulevard Latrille, allant du rond-point de l’Église Saint Jean de Cocody au carrefour Sococé des II Plateaux. »

Le maintien de l’ordre public est mis en avant comme priorité absolue, avec des instructions données au Préfet de Police d’Abidjan, au Commandant de Région Territoriale, et au Commandant de la 1ère Légion de Gendarmerie pour veiller à l’application stricte de l’interdiction.

Un climat politique sous pression

La décision intervient dans un climat de tension croissante à l’approche de l’élection présidentielle du 26 octobre 2025. Le Front Commun, regroupant les deux principales forces d’opposition — le PPA-CI de Laurent Gbagbo et le PDCI-RDA de feu Henri Konan Bédié — avait présenté cette marche comme une mobilisation pacifique, visant à dénoncer les « dérives du processus électoral » et exiger « la transparence du scrutin ».

L’interdiction, bien que fondée sur des arguments de sécurité, risque d’exacerber les tensions entre le pouvoir et l’opposition, qui dénonce régulièrement un verrouillage institutionnel et des atteintes à la liberté d’expression.

Officiellement, les organisateurs n’ont pas encore réagi. Mais des voix internes au Front Commun évoquent la possibilité de maintenir la mobilisation malgré l’interdiction, ce qui pourrait entraîner des affrontements avec les forces de l’ordre. En coulisses, des tentatives de médiation seraient en cours pour éviter une escalade.

Le gouvernement, de son côté, se montre inflexible. Une source sécuritaire, sous couvert d’anonymat, affirme que « tout attroupement non autorisé sera dispersé conformément à la loi 

Face à l’éventualité d’un passage en force, le dispositif sécuritaire a été renforcé dans plusieurs communes d’Abidjan, notamment à Cocody, Adjamé et Plateau. Les services de renseignement restent en alerte maximale. Le week-end s’annonce déterminant pour le climat politique national, alors que les candidats finalisent leurs stratégies à trois semaines du scrutin.

Cette interdiction est loin d’être isolée. Depuis le lancement du processus électoral, plusieurs demandes de rassemblements de l’opposition ont été soit refusées, soit strictement encadrées. Les acteurs de la société civile, notamment la LIDHO et Amnesty International, ont exprimé leur préoccupation quant à la réduction de l’espace civique.

La rédaction de la SENTV.info

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