Exécution budgétaire : Pape Malick Ndour dénonce des « dépenses de confort » et des « zones d’ombre » dans les finances publiques
SENTV : L’ancien ministre de la Jeunesse et membre du Secrétariat exécutif national de l’Alliance pour la République (APR), Pape Malick Ndour, a vivement critiqué la gestion budgétaire de l’État, à la lumière des rapports trimestriels d’exécution budgétaire (RTEB) du 4e trimestre 2024 et du 1er trimestre 2025, publiés ce lundi par le ministère des Finances et du Budget.
Dans une tribune détaillée, publiée sur sa page Facebook, l’ancien ministre pointe un écart budgétaire de 43,1 milliards de FCFA, un effondrement des investissements publics, et des dépenses jugées injustifiées, notamment celles relatives au train de vie de l’État. Selon lui, les RTEB actuels révèlent un « budget de confort au détriment d’une politique de transformation ».
Un trou de 43 milliards dans les recettes ?
Premier point de friction soulevé : la moins-value de 43,1 milliards FCFA constatée entre les recettes réellement encaissées et les prévisions de la Loi de finances rectificative (LFR) 2024. Pape Malick Ndour interroge la sincérité budgétaire promise par le gouvernement.
« Si le budget était aussi réaliste qu’annoncé, où sont donc passés ces 40 milliards manquants ? », écrit-il, s’appuyant sur les chiffres de la page 5 du rapport du 1er trimestre 2025.
Des dépenses de fonctionnement qui explosent, des investissements qui s’effondrent
Autre donnée inquiétante : les investissements exécutés par l’État plafonnent à seulement 2,64 milliards FCFA au premier trimestre 2025, selon les données du rapport (page 15), alors que les transferts en capital enregistrent une baisse de 42,2 milliards en glissement annuel.
Dans le même temps, les dépenses de fonctionnement s’envolent :
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84,65 milliards pour l’achat de biens et services
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463,93 milliards pour les transferts courants
Selon Ndour, ces chiffres traduisent un déséquilibre manifeste entre l’entretien de l’appareil d’État et l’investissement productif :
« On entretient le système, on oublie la nation. Le train de vie de l’État est priorisé au détriment des urgences sociales et des infrastructures structurantes. »
Il cite à titre d’exemple l’achat de véhicules pour les 165 députés de l’Assemblée nationale, estimé à près de 8 milliards FCFA, soit quatre fois plus que l’ensemble des investissements réalisés sur la même période.
131 milliards rattachés à 2023 : manipulation ou incohérence ?
Le troisième point abordé concerne une anomalie comptable soulevée dans le rapport de la Cour des comptes. Elle y note que 131 milliards de recettes collectées en 2024 ont été rattachés à l’exercice 2023, pour justifier le décalage de publication du rapport.
Or, selon Ndour, seules 87,9 milliards de recettes supplémentaires apparaissent dans les chiffres de la LFR, soit un gap de 43,1 milliards non expliqué :
« Soit le gouvernement n’a pas intégré la totalité, soit les chiffres de la Cour des comptes ont été revus à la baisse. Dans les deux cas, il y a un problème de transparence. »
Un “Noël budgétaire” de 90 milliards de dons en une semaine
Enfin, l’ancien ministre revient sur un autre écart surprenant : au 24 décembre 2024, la LFR prévoyait 65,2 milliards FCFA de dons. Une semaine plus tard, au 31 décembre, les dons reçus culminaient à 155,3 milliards, soit 90 milliards d’écart en seulement sept jours.
Pape Malick Ndour évoque trois hypothèses :
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Le gouvernement connaissait l’arrivée des fonds, mais les a volontairement exclus de la LFR (défaut de transparence).
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Il s’agirait d’un versement exceptionnel, mais encore non justifié publiquement.
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Ce serait le fruit de pratiques opaques sous l’ancien régime, passées sous silence par la Cour des comptes.
Une alerte politique et citoyenne
Par cette sortie, Pape Malick Ndour soulève des questions clés sur la gouvernance économique, la gestion de la dette, la sincérité des lois de finances et la transparence dans l’utilisation des ressources publiques.
Alors que les finances publiques font face à des tensions persistantes, ces révélations remettent sur la table le débat sur les priorités budgétaires, la lenteur des réformes, et la place laissée aux investissements productifs dans le redressement économique national.
La rédaction de la SENTV.info