SENTV : Le dossier d’extradition visant le journaliste Madiambal Diagne connaît un nouveau rebondissement. Le collectif d’avocats chargé de sa défense a vivement réagi, ce 12 décembre 2025, à la décision du gouvernement sénégalais de suspendre toutes les extraditions vers la France, dénonçant une dérive « politique » qui, selon eux, perturbe directement la procédure en cours devant la justice française.
Les avocats dénoncent “un chantage diplomatique”
Dans un communiqué signé par dix avocats, dont Me El Hadj Amadou Sall, Me William Bourdon, Me Dior Diagne et Me Vincent Brengarth, la défense accuse les autorités sénégalaises d’utiliser le dossier de leur client comme levier politique.
Selon eux, la suspension générale des extraditions vers la France serait une manœuvre diplomatique destinée à influer sur l’instruction en cours. Ils y voient un “chantage diplomatique” qui s’inscrirait dans une tentative d’orienter la justice française, décrite comme indépendante et strictement guidée par les règles de procédure.
Une instruction française ralentie par les lacunes du dossier
La demande d’extradition de Madiambal Diagne est actuellement examinée par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles. Dans un arrêt rendu le 25 novembre 2025, les magistrats français avaient relevé de graves insuffisances dans le dossier transmis par l’État sénégalais.
La cour a notamment constaté :
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l’absence d’indications précises sur les lieux et les périodes des faits reprochés,
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un manque d’éléments expliquant clairement les infractions invoquées,
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des documents essentiels manquants, pourtant requis pour toute procédure d’extradition.
Face à ces lacunes, les juges ont demandé au Sénégal de transmettre les pièces complémentaires au plus tard le 23 janvier 2026.
Selon la défense, la chambre de l’instruction aurait pu, dès ce stade, émettre un avis défavorable au regard de l’“extrême fragilité” du dossier transmis.
Accusations de pressions sur la justice sénégalaise
Dans leur communiqué, les avocats assurent que les poursuites engagées contre Madiambal Diagne présentent un caractère hautement politique, ce qui empêcherait, selon eux, l’État du Sénégal de fournir les éléments complémentaires exigés par la France.
Ils affirment également que des pressions institutionnelles auraient été exercées sur la justice sénégalaise dans la conduite de ce dossier, ce qui, à leurs yeux, mettrait en péril la régularité de la procédure.
Un magistrat sénégalais accuse la justice française de “traîner les pieds”
En parallèle, une source judiciaire sénégalaise — un magistrat cité sous anonymat — accuse les juridictions françaises de “ralentir volontairement” l’instruction. Selon lui, les demandes de compléments formulées par la cour d’appel de Versailles seraient “démesurées” et traduiraient une forme de réticence politique à coopérer.
Ces propos témoignent du climat de méfiance croissant entre les deux pays autour de ce dossier sensible.
Une affaire à forte dimension politique
Pour le collectif d’avocats, la décision du Sénégal de suspendre les extraditions vers la France confirme que les accusations contre leur client “manquent de fondement” et que le gouvernement craint un rejet pur et simple de sa demande par la justice française.
Les signataires — Me El Hadj Amadou Sall, Me Baboucar Cissé, Me William Bourdon, Me Dior Diagne, Me Antoine Mbengue, Me Papa Sène, Me Ousmane Thiam, Me Ramatoulaye Ba, Me Arona Basse et Me Vincent Brengarth — appellent enfin au respect strict du droit et à la préservation de l’indépendance des magistrats français dans l’examen du dossier.