Face-à-face à la Présidence : Woodside fait le point sur Sangomar, le contentieux fiscal reste en suspens
SENTV : Le président Bassirou Diomaye Faye a reçu, ce lundi 8 septembre 2025, la Présidente Directrice Générale de la compagnie pétrolière australienne Woodside Energy, Meg O’Neil. Au menu de cette audience : l’état d’avancement du champ pétrolier offshore de Sangomar, premier projet d’exploitation pétrolière en eaux profondes du Sénégal. Une rencontre à haute portée stratégique, alors que la compagnie est toujours sous le coup d’un redressement fiscal de plus de 41 milliards FCFA.
Lors de son point de presse à la sortie de l’audience, Meg O’Neil s’est félicitée des performances enregistrées sur le champ Sangomar, dont l’exploitation a débuté en juin 2024. « Nous avons discuté avec le Président des résultats obtenus jusqu’à présent, qui sont exceptionnels. J’ai également partagé nos perspectives pour les phases futures du projet », a déclaré la PDG, mettant en avant le travail de son équipe basée au Sénégal.
Un projet structurant sous tension
Woodside, qui détient 82% de participation dans le développement du champ Sangomar (le reste étant détenu par la société nationale PETROSEN), a lancé la première phase de production avec une capacité estimée à 100 000 barils de pétrole par jour. Ce projet représente un tournant majeur pour l’économie sénégalaise, avec des retombées fiscales et parafiscales significatives attendues à moyen terme.
Le Président Diomaye Faye, qui a fait de la transparence et de la souveraineté sur les ressources naturelles un pilier de son programme, s’est montré « disponible à accompagner la résolution des éventuelles contraintes opérationnelles », selon les propos rapportés par la PDG de Woodside à la RTS.
Un contentieux de taille en toile de fond
Toutefois, au-delà des propos conciliants, un important contentieux juridique continue d’opposer la multinationale australienne à l’État du Sénégal. En cause : un redressement fiscal d’un montant de 41,2 milliards FCFA, notifié par la Direction générale des impôts et domaines (DGID) au titre d’opérations comptables liées à la phase de développement du projet.
Woodside conteste formellement ces réclamations, arguant qu’elles sont couvertes par les clauses d’exonération prévues dans le contrat de partage de production, signé en amont avec l’État du Sénégal. Dans son rapport financier du deuxième trimestre 2025, l’entreprise souligne que « la majorité des réclamations fiscales concernent l’application d’une exonération légale durant la phase de développement ».
En réponse, la compagnie a saisi le Tribunal de Grande Instance de Dakar et a également introduit une demande d’arbitrage international auprès du CIRDI (Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements), relevant du groupe Banque mondiale.
Un dialogue nécessaire mais prudent
Rien n’indique pour l’instant que ce litige ait été abordé explicitement lors de l’audience entre Meg O’Neil et le chef de l’État. Une omission notable, qui laisse entendre que les discussions diplomatiques et techniques se poursuivent en coulisses.
Pour rappel, le régime du président Faye a plusieurs fois réaffirmé sa volonté de renégocier les contrats jugés défavorables au peuple sénégalais, tout en assurant aux investisseurs un cadre juridique stable. La gestion de ce dossier sensible, qui mêle intérêts stratégiques, recettes publiques et crédibilité institutionnelle, sera donc un test majeur pour la doctrine de souveraineté économique prônée par l’actuel gouvernement.
La rédaction de la SENTV.info