SENTV : Alors que l’ancien président Macky Sall continue de faire entendre sa voix sur la scène internationale, ses déclarations depuis l’étranger suscitent des réactions vives dans les rangs du parti au pouvoir. Ce mardi, au tribunal de Dakar, Fadilou Keïta, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et cadre influent de Pastef/Les Patriotes, s’est exprimé sans détour : selon lui, le dossier ArcelorMittal reste le point le plus sensible du passé présidentiel de Macky Sall.
Présent pour soutenir deux jeunes militants de Pastef convoqués devant le juge, Fadilou Keïta a profité de l’occasion pour commenter les récentes prises de parole de Macky Sall depuis l’étranger. « Il dit assumer son bilan, mais s’il avait le courage de ses opinions, il reviendrait au Sénégal », a-t-il lancé. Et d’ajouter : « Ce qui le déstabilise le plus, c’est le dossier ArcelorMittal. C’est là qu’il sait qu’il pourrait tomber. »
L’affaire ArcelorMittal, du nom du géant sidérurgique indien qui avait signé avec l’État du Sénégal un contrat pour l’exploitation du fer de Falémé, est régulièrement citée dans les dossiers opaques de la gouvernance passée. En 2014, l’État avait accepté un règlement à l’amiable de 75 millions de dollars pour la rupture de ce contrat, alors que le contentieux initial laissait espérer des compensations bien supérieures. Depuis, cette décision est régulièrement dénoncée comme un « deal au rabais » par plusieurs figures politiques et de la société civile.
« Nous avons les documents avec sa signature, son engagement personnel. Ce dossier peut valoir à Macky Sall des poursuites pour haute trahison. Il le sait, et c’est pourquoi il fuit son propre pays », a affirmé Fadilou Keïta, visiblement déterminé à remettre cette affaire sur le devant de la scène judiciaire.
Fidèle à son engagement de terrain, l’ancien directeur de campagne de Pastef lors des législatives anticipées de 2024 a également exprimé sa solidarité envers les militants du parti poursuivis en justice. Il a salué « l’endurance » des jeunes détenus, tout en dénonçant les violences subies par les sympathisants patriotes lors des périodes de répression. « Nous avons été confrontés à la brutalité, à la torture, aux arrestations arbitraires. Cela a laissé des traumatismes profonds. »
Il a en outre interpellé les autorités sur la nécessité d’une justice équitable : « L’État est le seul détenteur de la violence légitime. Il doit donc veiller à ce qu’elle soit exercée dans le respect du droit, et non à des fins politiques. »
Tout en évoquant la poursuite des combats judiciaires et politiques, Fadilou Keïta a appelé à l’apaisement au sein du parti. « Nous devons resserrer les rangs, respecter la discipline du parti et les lois de la République. C’est ainsi que nous pourrons servir tous les citoyens, sans exception », a-t-il insisté.
Dans un contexte où l’ancien président Macky Sall multiplie les interventions depuis l’étranger — notamment sur les questions régionales ou diplomatiques — les propos de Fadilou Keïta traduisent une volonté du camp présidentiel de reprendre l’initiative sur le terrain politico-judiciaire, avec l’affaire ArcelorMittal comme cheval de bataille.
La rédaction de la SENTV.info