SENTV : Dans un geste qui tranche avec sa posture habituelle d’homme politique accessible à son entourage, Farba Ngom, maire des Agnams et ancien homme fort de l’Alliance pour la République (APR), a décidé de suspendre toutes ses visites à la prison de Rebeuss. L’information, révélée ce jeudi par Source A, intervient dans un contexte où la santé de l’élu incarcéré suscite de plus en plus d’inquiétudes.
Jusqu’ici, les visites s’effectuaient chaque jeudi, ritualisant une forme de soutien politique et personnel depuis sa réincarcération en février 2025. Mais cette semaine, souffrant depuis deux jours, Farba Ngom a informé ses proches de son indisponibilité, sans préciser la nature exacte du mal ni sa durée.
L’ex-chargé de mission à la présidence est poursuivi dans une enquête tentaculaire sur des transactions financières suspectes, identifiées dans un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif). Il est notamment accusé d’association de malfaiteurs, d’escroquerie sur des deniers publics et de blanchiment de capitaux, dans un dossier qualifié par certains observateurs de « bombe politique à retardement ».
Face aux alertes de ses avocats, une expertise médicale indépendante a été ordonnée par le juge d’instruction. Le cardiologue Pr Alassane Mbaye, désigné pour évaluer sa capacité à supporter la détention, n’a pas encore livré ses conclusions. Un verdict médical qui pourrait redéfinir, à court terme, le traitement judiciaire du cas Farba Ngom.
Si ses proches évoquent un repli dû à l’état de santé, d’autres y voient une stratégie de repli, voire une tactique judiciaire dans l’attente de la décision médicale. En milieu carcéral, la suspension des visites n’est jamais anodine, surtout pour une figure politique habituée à mobiliser ses réseaux à chaque étape judiciaire.
Incarcéré depuis plusieurs mois, Farba Ngom voit son image d’homme d’influence s’effriter. Celui que l’on surnommait jadis le « griot du palais », réputé pour son accès privilégié à l’ancien président Macky Sall, apparaît aujourd’hui affaibli, isolé, et soumis aux aléas d’une procédure lourde aux implications politiques non négligeables.
La suspension des visites n’est pas seulement un fait anecdotique. Elle reflète l’état physique et psychologique d’un acteur politique au cœur d’une tourmente judiciaire. La décision du médecin expert sera déterminante pour la suite du dossier, et pourrait relancer le débat sur la gestion des détenus politiques ou médiatisés dans les prisons sénégalaises.
La rédaction de la SENTV.info
