Faux extraits de naissance : un réseau démantelé à Sédhiou, le maire de Karantaba alerte sur les failles de l’état civil
SENTV : Dans un entretien exclusif accordé à L’Observateur, Banding Fossar Souane, maire de la commune de Karantaba, a levé le voile sur une fraude massive liée à la falsification d’actes d’état civil, impliquant notamment de faux extraits de naissance estampillés du cachet officiel de sa mairie.
Cette sortie médiatique intervient dans un contexte sensible, marqué par le récent démantèlement d’un réseau de faussaires, suite à une opération de la police qui a conduit à l’arrestation d’un ancien militaire, I. Faty, considéré comme un maillon central du dispositif de falsification.
Le maire Souane a confirmé que plusieurs documents falsifiés, saisis par les enquêteurs, portaient le cachet authentique de la commune, ainsi que la signature usurpée d’un ancien officier d’état civil.
« Nous sommes confrontés à une mafia administrative, structurée et opportuniste. Elle exploite non seulement la porosité de notre système, mais aussi l’inertie institutionnelle », a-t-il déploré.
Depuis plusieurs années, des plaintes récurrentes de citoyens avaient mis la puce à l’oreille des autorités locales. Le maire affirme avoir saisi la justice depuis longtemps, en déposant une plainte contre X, restée sans suite pendant un certain temps.
Une riposte locale : numérisation et traçabilité
Face à la menace persistante, la mairie de Karantaba a engagé une refonte de son système d’archivage, désormais orienté vers une numérisation intégrale des actes d’état civil.
Chaque extrait délivré est désormais doté d’un numéro unique, permettant sa vérification en ligne, afin d’empêcher toute duplication ou falsification.
« Ce système permet à tout citoyen ou administration d’authentifier un document en quelques clics. C’est notre rempart local contre un fléau national », affirme Banding Fossar Souane.
Mais au-delà de la fraude locale, l’élu pointe une responsabilité structurelle, évoquant l’absence d’un système interconnecté d’état civil à l’échelle du pays.
« L’État sénégalais tarde à mettre en place une base de données centralisée et sécurisée. Cela ouvre la voie aux fraudes, aux doublons, et aux identités fictives. »
Dans cette affaire, le maire a annoncé son intention de se constituer partie civile, affirmant que l’image et la crédibilité de sa collectivité territoriale ont été gravement entachées.
La falsification de documents d’état civil constitue une porte d’entrée vers des pratiques plus graves : immigration irrégulière, fraude électorale, ou encore détournement de fonds sociaux. Le maire appelle donc à une réforme en profondeur du système d’état civil sénégalais, avec des infrastructures modernes, un personnel qualifié, et une interconnexion des données au niveau national.
La rédaction de la SENTV.info