SENTV : Le groupe paramilitaire russe Wagner a officiellement annoncé la fin de sa mission militaire au Mali, dans un communiqué relayé par Sputnik Afrique. Selon cette déclaration, le groupe affirme avoir rempli les objectifs fixés par les autorités de transition maliennes, notamment la reprise du contrôle des capitales régionales et l’élimination de « milliers de terroristes et leurs commandants ».
« Nous avons accompli la tâche principale : toutes les capitales régionales sont revenues sous le contrôle des autorités légitimes. La mission est accomplie », indique le texte du groupe, dont la présence sur le sol malien avait débuté fin 2021, en remplacement progressif du dispositif français Barkhane.
Une sortie sous fond d’opacité
Malgré cette annonce de retrait, les autorités maliennes de transition n’ont pas encore officiellement confirmé la fin de la coopération avec Wagner, qui opérait dans le pays sous couvert d’un accord bilatéral de sécurité. Le groupe, désormais intégré en partie dans la structure étatique russe après la mort de son fondateur, Evgueni Prigojine, en 2023, avait été très actif dans les régions centrales et nord du Mali, zones particulièrement affectées par l’insécurité liée aux groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique.
Le bilan de cette mission demeure controversé. Si certaines sources proches de la junte affirment que Wagner a contribué à la reconquête de territoires stratégiques, des ONG internationales ont à plusieurs reprises dénoncé de graves exactions contre des civils, notamment à Moura, où plus de 500 personnes auraient été tuées lors d’une opération militaire menée en mars 2022.
Un retrait qui interroge
Le départ de Wagner soulève plusieurs interrogations : quid du vide sécuritaire dans les zones autrefois contrôlées par le groupe ? L’armée malienne est-elle aujourd’hui capable d’assumer seule la lutte contre les groupes armés, alors que les attaques se poursuivent sporadiquement, notamment dans les régions de Mopti, Gao et Tombouctou ?
Ce retrait intervient aussi dans un contexte régional tendu, où les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, tentent de mutualiser leurs efforts sécuritaires en marge des anciennes alliances occidentales.
En attendant une réaction officielle des autorités de Bamako, ce départ marque une nouvelle phase dans la reconfiguration de la lutte contre le terrorisme au Sahel, alors même que l’instabilité persiste dans plusieurs zones frontalières.