Fonction publique : Dakar enclenche un audit biométrique d’envergure pour assainir les effectifs de l’État
SENTV : Le gouvernement sénégalais a officiellement lancé, ce mardi à Dakar, les travaux du comité de pilotage de l’audit physique et biométrique des agents de l’État, une opération présentée comme une étape clé dans la modernisation administrative. La cérémonie a été présidée par Olivier Boucal, ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Réforme du Service public.
Un instrument de maîtrise des effectifs et de la masse salariale
Selon le ministre Boucal, l’objectif de ce vaste audit est clair : identifier physiquement et biométriquement l’ensemble des agents publics, y compris les contractuels appelés à servir dans les ministères et administrations rattachées.
Cette démarche vise à « maîtriser les effectifs de la Fonction publique et la masse salariale » devenue une préoccupation majeure dans un contexte budgétaire exigeant.
Une rupture affichée avec les pratiques anciennes
Le lancement de cette opération s’inscrit, selon le ministre, dans la dynamique de la « troisième alternance » et de la volonté du nouvel exécutif de rompre avec des pratiques obsolètes.
« L’État s’est engagé dans un processus de changement et de rupture avec les vieilles méthodes qui empêchaient une administration efficace », a-t-il déclaré, rappelant que la maîtrise des ressources humaines constitue « le socle de toute action publique ambitieuse ».
Boucal insiste : impossible de construire une fonction publique moderne sans un diagnostic précis des effectifs réels, souvent contestés et entachés de soupçons d’irrégularités.
Un dispositif renforcé pour éviter les échecs du passé
Conscient que plusieurs audits précédents n’avaient pas abouti, le gouvernement a mobilisé un arsenal technique et organisationnel inédit :
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sélection d’un cabinet spécialisé chargé de conduire l’opération ;
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partenariat avec la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), via sa filiale informatique Sinapsis ;
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implication d’experts techniques et de spécialistes en gestion publique ;
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mise en place d’une logistique complète et d’un programme de gouvernance des ressources humaines.
« Nous espérons, avec ce dispositif robuste, atteindre des résultats probants », affirme le ministre.
Emplois fictifs : l’audit comme juge de paix
Interrogé sur la question sensible des emplois fictifs, Olivier Boucal est resté prudent, estimant qu’aucune conclusion ne peut être tirée « tant qu’un audit complet n’aura pas été mené ».
L’opération doit permettre de confirmer ou d’infirmer la présence d’agents inexistants dans les bases de données salariales, une problématique régulièrement évoquée depuis plusieurs années.
Cap vers un système numérique intégré
Au-delà de l’identification biométrique, l’ambition est de bâtir un système informatique intégré de gestion des ressources humaines, condition indispensable à la fiabilisation durable des effectifs.
« Tant que la gestion reste manuelle, les dysfonctionnements persisteront », a averti le ministre.
Un calendrier serré jusqu’à avril 2025
Le processus se déroulera en plusieurs phases :
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dès ce mardi : installation officielle du comité de pilotage ;
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décembre : lancement opérationnel avec le ministère de la Fonction publique comme ministère pilote ;
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janvier : démarrage de l’audit généralisé prévu pour durer trois mois ;
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fin avril : publication des résultats et restitution publique.
Une réforme structurante pour une administration maîtrisée
Avec cet audit physique et biométrique, l’État ouvre la voie à une réforme profonde de sa gouvernance administrative. L’enjeu dépasse le simple contrôle : il s’agit de doter le Sénégal d’une fonction publique performante, transparente et alignée sur les standards modernes de gestion, dans un contexte où chaque poste budgétaire compte.