Fonds Force Covid-19 : le cas Moustapha Diop, une détention qui interroge

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SENTV : Le nom de Moustapha Diop, ancien ministre et actuel député-maire de Louga, revient au cœur de l’actualité judiciaire. Cinq mois après son incarcération dans le cadre de l’enquête sur la gestion du Fonds Force Covid-19, il demeure le seul ancien membre du gouvernement de Macky Sall encore détenu, une situation que son entourage qualifie d’« incompréhensible » et d’« injuste ».

D’après des informations rapportées par Les Échos, les proches de l’ex-ministre évoquent un « acharnement judiciaire », soulignant que tous les autres anciens ministres cités dans le même dossier – parmi eux Sophie Gladima, Mansour Faye, Ndèye Saly Diop Dieng, Ismaïla Madior Fall et Salimata Diop Dieng – ont soit été libérés, soit n’ont jamais été inquiétés.

Les avocats de Moustapha Diop affirment que le fondement du dossier initial s’est considérablement affaibli. Les soupçons de détournement de près de 900 millions de francs CFA, évoqués au début de l’affaire, ne porteraient aujourd’hui plus que sur quelques millions de francs. Une révision qui, selon la défense, aurait dû logiquement conduire à sa mise en liberté.

« Notre client n’a jamais fui la justice et a toujours coopéré. Maintenir sa détention alors que les charges se sont réduites à peau de chagrin est juridiquement et moralement inacceptable », a déclaré l’un de ses avocats, cité par le quotidien.

Mais l’ancien ministre n’aura pas eu le temps de souffler. Alors qu’il espérait une libération prochaine, une autre affaire est venue relancer son séjour en prison : le dossier dit « Tabaski Ngom ».

Dans cette nouvelle procédure, Tabaski Ngom, ancienne administratrice des crédits et paiements (ACP) à l’Agence de promotion des sites industriels (APROSI), est accusée d’un détournement présumé de plus de 740 millions de francs CFA. Placée sous mandat de dépôt en janvier dernier, elle aurait, selon le rapport d’enquête, déclaré avoir remis une partie des fonds à Moustapha Diop – une affirmation que ce dernier conteste catégoriquement.

Cette connexion entre les deux affaires complique la situation du député-maire, qui doit désormais comparaître le 6 novembre prochain devant le Pool judiciaire financier pour un interrogatoire de première comparution.

Le camp de Moustapha Diop dénonce plusieurs irrégularités de procédure. Selon ses proches, la convocation pour l’affaire Tabaski Ngom aurait été adressée à des avocats non constitués dans ce dossier, mais uniquement dans celui du Fonds Covid-19. Une « erreur » que ses soutiens jugent loin d’être fortuite.

« Tout cela ressemble à une manœuvre destinée à prolonger sa détention, alors même que le dossier initial s’est vidé de sa substance », a confié une source proche du maire de Louga.

Les avocats de Moustapha Diop appellent désormais la Commission d’instruction près la Haute Cour de Justice à se saisir rapidement du dossier pour statuer sur la légalité de sa détention. Ils réclament sa libération immédiate, estimant que « rien ne justifie plus son maintien en prison ».

En attendant la comparution prévue le 6 novembre, le cas Moustapha Diop demeure emblématique des zones grises de la reddition des comptes post-régime Macky Sall, où certains anciens responsables ont retrouvé la liberté quand d’autres, à l’image de l’édile de Louga, continuent de payer le prix fort d’une gestion controversée.

La rédaction de la SENTV.info

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