SENTV : Alors que le conflit entre Israël et l’Iran franchit un nouveau seuil de violence, le diplomate iranien en poste à Dakar, Hassan Asgari, a lancé un appel appuyé aux autorités sénégalaises. Dans un entretien accordé au quotidien national Le Soleil, publié ce lundi, l’ambassadeur exprime l’espoir que le Sénégal condamnera officiellement les frappes israéliennes, qu’il qualifie d’« attaques barbares ».
Depuis le vendredi 13 juin, l’État hébreu a intensifié ses frappes sur le territoire iranien, visant principalement des sites militaires et infrastructures stratégiques. Le bilan provisoire dépasse les 200 morts côté iranien, tandis que la riposte de Téhéran, par salves de missiles, aurait causé près de 20 morts en Israël, selon les agences internationales.
Un message direct à Diomaye Faye et Ousmane Sonko
Dans ce contexte tendu, le représentant de la République islamique d’Iran s’adresse indirectement au président Bassirou Diomaye Faye et à son Premier ministre Ousmane Sonko, tous deux récemment portés au pouvoir avec un fort capital de légitimité populaire. Hassan Asgari affirme :
« Le Sénégal, pays à 95 % musulman et membre de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), occupe une place particulière dans le cœur des Iraniens. »
Il évoque également avoir reçu de nombreux messages de solidarité émanant de citoyens sénégalais, dénonçant les opérations militaires israéliennes.
Une pression diplomatique mesurée mais stratégique
Ce positionnement du diplomate iranien s’inscrit dans une stratégie d’isolement international d’Israël face à l’opinion publique musulmane mondiale, notamment dans les pays d’Afrique de l’Ouest à majorité musulmane comme le Sénégal. Le fait que Téhéran prenne publiquement à témoin Dakar témoigne d’un jeu diplomatique où chaque soutien – ou silence – est scruté avec attention.
Si le Sénégal n’a pas encore émis de communiqué officiel sur l’escalade israélo-iranienne, le gouvernement de Diomaye Faye s’est jusque-là montré prudent dans les affaires géopolitiques sensibles, privilégiant la voie diplomatique et multilatérale à travers l’OCI, l’Union africaine ou l’ONU.
Un contexte régional et international explosif
La nouvelle phase du conflit entre Israël et l’Iran s’inscrit dans un climat déjà surchauffé depuis l’opération israélienne à Gaza en 2024, à la suite des attaques du Hamas en octobre 2023. L’Iran, allié de groupes armés tels que le Hezbollah et le Hamas, a vu ses propres sites visés par des frappes israéliennes d’une ampleur rarement observée depuis les débuts de leur hostilité indirecte.
Pour certains analystes, l’entrée directe de l’Iran et d’Israël dans une confrontation ouverte pourrait redessiner les équilibres de la région, avec des répercussions allant bien au-delà du Moyen-Orient.
Le Sénégal entre prudence et diplomatie d’influence
Jusqu’ici, le Sénégal a toujours maintenu une position équilibrée sur les questions liées au Proche-Orient, reconnaissant à la fois le droit à la sécurité d’Israël et le droit des Palestiniens à un État souverain. Cette posture de neutralité constructive pourrait être mise à l’épreuve par cette guerre ouverte, surtout si la pression diplomatique de partenaires comme l’Iran se fait plus insistante.
Reste à voir si le tandem Faye–Sonko, qui cherche à redéfinir l’indépendance stratégique du Sénégal sur la scène internationale, choisira de s’exprimer sur un dossier aussi inflammable, où le silence peut être aussi significatif que la parole.
La rédaction de la SENTV.info