SENTV : Invité du « Jury du Dimanche » sur iRadio, Habib Sy, Président du Conseil d’Administration de la Senelec, a livré une analyse sans détour sur la tenue du dialogue national lancé par le président Bassirou Diomaye Faye. Tout en saluant l’ancrage historique du dialogue comme outil de gouvernance au Sénégal, l’ancien ministre d’État a pointé du doigt les limites du format actuel, jugé inefficace et trop politisé.
« Je m’attendais à une véritable rupture dans la forme. Malheureusement, nous sommes restés dans une logique de grand-messe où l’efficacité est sacrifiée au profit du folklore », a déploré Habib Sy, visiblement déçu par ce qu’il considère comme un excès de politique-spectacle.
Pour lui, si le dialogue fait partie intégrante de la tradition démocratique sénégalaise – de Mamadou Dia à Abdoulaye Wade, en passant par Senghor et Diouf – il est temps de repenser en profondeur les mécanismes de concertation. « Trop de participants, pas assez de cadre méthodique. Il faut un format plus restreint, avec des acteurs aguerris, capables de produire des propositions solides et applicables », a-t-il plaidé.
Dans son intervention, le PCA de la Senelec a également appelé à une structuration plus rigoureuse des discussions. Selon lui, le mélange hétéroclite entre acteurs politiques, religieux, membres de la société civile et autres intervenants rend difficile la formulation de recommandations opérationnelles. « Il faut de vrais sachants autour de la table, pas un forum où tout se dilue », a-t-il insisté.
Malgré ses critiques sur la méthode, Habib Sy n’a pas manqué de saluer certaines initiatives du régime actuel, notamment en matière de gouvernance. Il s’est félicité des efforts dans la reddition des comptes, l’allègement du train de vie de l’État et la volonté de réduction du nombre de ministères. Toutefois, il a émis une réserve sur cette dernière mesure : « Un ministre surchargé devient contre-productif. À un moment, on finit par être inefficace, voire en burn-out. Je parle d’expérience », a-t-il averti.
Interrogé sur le boycott du dialogue par certains partis de l’opposition, Habib Sy a tenu à rappeler que cette posture relève également du jeu démocratique. « Même une seule formation qui décide de se retirer a ses raisons. Nous-mêmes, sous Macky Sall, nous avions refusé de participer à certaines concertations. Cela nous avait d’ailleurs valu des tensions avec d’anciens alliés, comme Khalifa Sall », a-t-il confié.
En résumé, l’ancien directeur de cabinet du président Abdoulaye Wade appelle à dépasser les formes traditionnelles de concertation pour construire des dialogues véritablement productifs, orientés vers des réformes structurelles et des résultats concrets. Un appel à la rationalisation qui interpelle directement les organisateurs du processus en cours.
La rédaction de la SENTV.info