Haute Cour de justice : Ndèye Saly Diop face au juge ce lundi, comment elle pourrait éviter la détention

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SENTV : C’est une semaine judiciaire chargée qui s’ouvre à la Haute Cour de justice, avec l’audition ce lundi 19 mai 2025 de l’ancienne ministre de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants, Ndèye Saly Diop Dieng, première des cinq anciens membres du gouvernement à être entendue par la commission d’instruction.

L’ex-ministre est mise en cause pour détournement de deniers publics présumés, à hauteur de 52 millions de francs CFA, dans le cadre de la gestion du fonds Force Covid-19, selon les conclusions de la Cour des comptes. Le rapport d’audit publié en janvier 2023 avait identifié de nombreuses irrégularités dans l’utilisation des ressources mobilisées en urgence durant la pandémie.

Une comparution sous haute tension

Ce lundi à 11h, Ndèye Saly Diop sera entendue sur les accusations qui pèsent sur elle. Si la procédure suit les règles prévues par le Code de procédure pénale, une décision de placement sous mandat de dépôt peut être envisagée par le juge d’instruction de la Haute Cour. Cependant, des options alternatives existent.

Selon le Dr Mouhamadou , maître de conférences à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’UCAD, « la possibilité de déposer une caution pour éviter la détention provisoire est bel et bien prévue par l’article 140 du Code de procédure pénale ». Un point confirmé par l’ancien député Théodore Monteil, spécialiste des questions parlementaires : « La Haute Cour de justice est soumise au Code pénal et au Code de procédure pénale comme toute juridiction de droit commun. »

Cautionnement : un filet juridique à double tranchant

Même si le dépôt de caution est juridiquement recevable, il n’est pas automatique. Le juge d’instruction demeure le seul décisionnaire quant à l’acceptation ou non de ce mécanisme d’évitement de la détention. « Le juge peut estimer que les garanties de représentation sont insuffisantes ou que la gravité des faits impose une détention », souligne Dr Bâ.

Dans ce contexte, Ndèye Saly Diop pourrait proposer une somme de garantie pour rester libre, en attendant la suite de la procédure. Mais si le juge estime que les risques de fuite, de collusion ou de trouble à l’ordre public existent, il pourrait prononcer une mise en détention préventive.

Un dossier emblématique d’une justice de rupture ?

La comparution de l’ancienne ministre intervient dans un contexte politique tendu, marqué par la promesse de reddition des comptes faite par le nouveau pouvoir issu de l’alternance de mars 2024. Le gouvernement Diomaye Faye – Sonko a affiché sa volonté d’assainir la gestion publique et de poursuivre les fautes de gouvernance, sans exception ni immunité politique.

La mise en accusation de cinq anciens ministres, dont Ismaïla Madior Fall (corruption présumée), Mansour Faye, Moustapha Diop et Sophie Gladima (pour leur rôle présumé dans l’affaire Force Covid-19), s’inscrit dans cette logique.

Ce qu’il faut retenir

  • Ndèye Saly Diop est accusée de détournement de 52 millions FCFA.

  • Elle peut éviter la détention préventive par un cautionnement, si le juge l’y autorise.

  • La Haute Cour de justice, bien que juridiction spéciale, applique les règles du droit commun.

  • Le sort judiciaire de l’ancienne ministre dépendra exclusivement de la décision du juge instructeur.

  • Ce dossier s’inscrit dans une opération plus large de reddition des comptes, lancée par les nouvelles autorités.

 

La rédaction de la SENTV.info 

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