Inculpation de Moussa Mara : l’ancien Premier ministre malien visé pour un message de soutien aux détenus d’opinion

0

SENTV : L’ancien Premier ministre du Mali, Moussa Mara, a été officiellement inculpé ce vendredi pour atteinte à la crédibilité de l’État et opposition à l’autorité légitime, après la publication d’un message sur les réseaux sociaux exprimant sa solidarité avec des prisonniers d’opinion.

Selon un communiqué du parquet de Bamako transmis à l’Agence France-Presse (AFP), l’inculpation a été prononcée par un juge du pôle spécialisé dans la cybercriminalité, au terme d’une convocation judiciaire intervenue à la suite d’une publication datée du 4 juillet 2025 sur le réseau social X (anciennement Twitter).

Dans ce message, Moussa Mara, qui a dirigé le gouvernement malien de 2014 à 2015 sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta, affirmait : « Solidarité indéfectible avec les détenus d’opinion. Je les visite régulièrement pour leur signifier ma solidarité. Aussi longtemps que dure la nuit, le soleil finira évidemment par apparaître ! »

Les propos, interprétés par les autorités comme un défi lancé à l’appareil d’État, ont conduit à l’ouverture d’une enquête. Mara reste détenu dans l’attente de son procès, prévu pour le 29 septembre 2025.

Dans un communiqué publié par son équipe juridique, ses avocats dénoncent une procédure « arbitraire et politiquement motivée », rappelant que le droit à la liberté d’expression est garanti par la Constitution malienne.

Un climat politique sous tension

Depuis les deux coups d’État successifs de 2020 et 2021, le Mali est dirigé par une junte militaire conduite par le colonel Assimi Goïta. Ces dernières années, les autorités de transition ont multiplié les mesures répressives visant les partis politiques, les syndicats, les médias indépendants et les figures de l’opposition.

Le 10 avril 2024, le gouvernement de transition a notamment dissous tous les partis politiques et associations à caractère politique, invoquant la préservation de l’ordre public. Cette décision, largement condamnée sur le plan international, a renforcé les craintes d’un recul démocratique dans le pays.

Une affaire symptomatique

L’inculpation de Moussa Mara s’inscrit dans un contexte de resserrement de l’espace civique et politique. Plusieurs observateurs internationaux, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont alerté sur la montée des poursuites judiciaires à l’encontre des opposants et la restriction des libertés fondamentales.

Analystes et acteurs de la société civile malienne voient dans cette affaire un signal fort envoyé par les autorités de transition à toute voix dissidente, y compris parmi les anciens hauts responsables de l’État.

La  rédaction de la SENTV.info 

- Advertisement -

commentaires
Loading...