Interdiction du monofilament : Cayar, l’exception qui conforte la ministre Fatou Diouf

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SENTV : Dans un contexte de contestation généralisée de l’interdiction du monofilament, le village traditionnel de Cayar tranche avec la majorité des communautés de pêcheurs de la Petite Côte. Alors que les localités de Saint-Louis, Fass Boye, Diogo-sur-Mer ou encore Mboro-sur-Mer manifestent leur opposition à la décision du ministère des Pêches, Cayar, elle, affiche une position de soutien clair et assumé.

La décision prise par la ministre des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires, Fatou Diouf, d’interdire l’usage des filets monofilaments, communément appelés filets dormants, divise profondément le secteur. Toutefois, à Cayar, une voix dissonante s’élève, celle de la raison selon ses habitants.

« Une décision salutaire », affirme Mamadou Mbaye, président du Collège des pêcheurs ligneurs de Cayar. Pour lui, la ministre fait preuve de lucidité en s’attaquant à un engin de pêche destructeur, à l’origine de la raréfaction des ressources halieutiques et d’une précarisation massive des pêcheurs :

« Nous saluons la décision de la ministre. Le monofilament est un véritable fléau. Depuis les années 70, nous en subissons les conséquences. »

Historiquement, Cayar n’en est pas à sa première alerte. Dès 1973, les premières tensions liées à l’introduction du monofilament y avaient éclaté. Une deuxième vague d’incidents est survenue en 1993, signe que le sujet est ancien et sensible.

À l’unisson, les pêcheurs de ce port emblématique soulignent les effets néfastes de cette technique : diminution drastique des stocks, endettement des pêcheurs, insécurité alimentaire, et migrations clandestines comme ultime échappatoire.

« Le monofilament nous a appauvris », martèle Malick Wade, pêcheur et natif du village.

« Les filets dormants ont tué notre pêche. Nos familles manquent de tout. Il est temps d’en finir. »

À Cayar, on ne se contente pas d’applaudir. Les pêcheurs exhortent la ministre à appliquer avec rigueur l’article 66 du Code de la pêche, qui interdit l’utilisation de certains engins destructeurs, dont les filets monofilaments. Ils appellent également à une surveillance accrue en mer et à des sanctions exemplaires contre les contrevenants.

Alors que la tension monte dans d’autres localités, Cayar offre un contre-exemple, celui d’une communauté qui préfère la durabilité des ressources à la facilité immédiate. Une posture courageuse dans un secteur souvent tiraillé entre traditions, enjeux économiques et urgence écologique.

À travers ce soutien affiché, le village envoie un message fort : la préservation des océans ne peut plus attendre.

La rédaction de la SENTV.info 

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