Keur Yeurmandé : l’audience d’identification de Ndella Madior Diouf marque l’entrée en matière d’un procès très attendu
SENTV : La Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Dakar a franchi vendredi une étape cruciale dans l’affaire Ndella Madior Diouf, fondatrice de la pouponnière controversée Keur Yeurmandé. Lors d’une audience strictement protocolaire, la justice a procédé à l’interrogatoire d’identité de l’accusée, en présence de son avocat, Me Aboubacry Barro, sans aborder le fond du dossier.
Placée en détention depuis décembre 2023, Mme Diouf ne s’est pas exprimée sur les faits qui lui sont reprochés à ce stade. Après avoir confirmé son identité, elle a regagné sa cellule sans qu’aucune pièce à conviction ou débat sur les charges ne soit encore engagé, selon des sources judiciaires rapportées par plusieurs médias.
Cette formalité marque néanmoins le lancement officiel de la procédure judiciaire. Selon les magistrats, une date de procès devrait être fixée dans les tout prochains jours, l’audience judiciaire étant envisagée dans les 5 à 7 jours suivant cette identification. L’information a été confirmée par son avocat.
Mme Diouf fait face à des accusations très lourdes : traite de personnes, exercice illégal de la médecine, privation de soins ou d’aliments ayant entraîné la mort d’un mineur, mise en danger de la vie d’autrui, non-assistance à personne en danger et obtention illégale de certificats d’inhumation.
L’affaire a pris une dimension profondément émotionnelle pour l’opinion publique sénégalaise : six nourrissons seraient décédés dans des circonstances troublantes à la pouponnière Keur Yeurmandé. À la suite du drame, 56 bébés ont été retirés de la structure ; selon l’Action éducative en milieu ouvert (AEMO), quatre d’entre eux sont morts depuis leur prise en charge.
Jusqu’à présent, toutes les demandes de mise en liberté provisoire de Ndella Madior Diouf ont été rejetées en raison de la gravité des chefs d’accusation.
Le procès à venir est non seulement perçu comme un moment judiciaire charnière, mais aussi comme un test pour le système de protection de l’enfance au Sénégal. De nombreux observateurs estiment qu’il pourrait agir comme un signal fort quant aux contrôles et régulations des pouponnières privées dans le pays.
La prochaine audience, dont la date exacte reste à officialiser, sera donc scrutée de près : pour la défense, elle représente l’occasion de préparer sa stratégie ; pour le parquet et l’opinion publique, la promesse d’un verdict dans cette affaire marquée par le drame et le scandale.
La rédaction de la SENTV.info