Kolda face au défi persistant des enfants sans existence légale : Plus de 2 000 candidats aux examens sans extrait de naissance

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SENTV : À quelques semaines des examens du Certificat de Fin d’Études Élémentaires (CFEE) et du Brevet de Fin d’Études Moyennes (BFEM), l’académie de Kolda tire la sonnette d’alarme : 2 080 élèves, dont 1 909 au CFEE et 171 au BFEM, sont inscrits sans extrait de naissance. L’annonce a été faite ce jeudi lors du Comité Régional de Développement (CRD) préparatoire, tenu dans les locaux du gouvernorat.

Malgré une baisse significative par rapport à 2024 – où 5 325 cas avaient été recensés –, le phénomène reste préoccupant. Le secrétaire général de l’Inspection d’Académie de Kolda, qui a présenté ces chiffres, a insisté sur l’ampleur du problème. « Nous constatons une amélioration, mais la situation demeure critique. L’existence légale des enfants ne doit pas être un luxe, mais un droit garanti à tous », a-t-il martelé.

Dans les statistiques dévoilées, les filles restent majoritairement concernées par cette absence d’état civil. Au CFEE, elles représentent 1 062 cas sur 1 909, soit plus de 55 %. Du côté du BFEM, 98 garçons et 73 filles composeront également sans acte de naissance.

Les autorités éducatives s’inquiètent de cette situation qui fragilise le parcours scolaire des enfants concernés. Sans extrait de naissance, ces élèves restent invisibles aux yeux de l’État, ce qui compromet non seulement leur poursuite d’études mais aussi leur accès à d’autres droits fondamentaux comme la santé, l’identité juridique, ou encore le vote plus tard.

« Ce sont des enfants fantômes. Ils existent dans les salles de classe, mais pas dans les registres de la République », a rappelé un membre du CRD. L’expression illustre crûment le paradoxe vécu par ces milliers de jeunes : présents physiquement, mais absents administrativement.

Le gouvernement sénégalais, appuyé par plusieurs partenaires techniques et financiers, multiplie depuis des années les campagnes de sensibilisation et les opérations spéciales d’enregistrement tardif. Toutefois, les réalités sociales, culturelles et logistiques freinent encore l’éradication totale du phénomène, notamment dans les zones rurales reculées comme certaines parties de la région de Kolda.

Le CRD a renouvelé son appel à la responsabilisation des familles, invitant les parents à se mobiliser pour régulariser la situation administrative de leurs enfants. Les leaders communautaires, les chefs religieux et coutumiers sont également appelés à jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre cette invisibilité juridique.

En attendant, les 2 080 candidats composeront bien les examens de 2025, mais avec une incertitude quant à leur avenir administratif. La question reste entière : que deviennent ces élèves une fois les épreuves passées, si leur statut légal demeure inchangé ?

La rédaction de la SENTV.info 

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