Le mystère du M/T Mersin : un navire en péril au large de Dakar ravive les incertitudes

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SENTV : Le pétrolier turc M/T Mersin, battant pavillon panaméen et exploité par la société turque Beşiktaş Denizcilik, est depuis plusieurs jours en grande difficulté entre Rufisque et Sendou, non loin de Dakar. Selon des médias sénégalais, le navire transportait environ 30 000 tonnes de carburant.
D’après le dernier signalement, l’équipage a envoyé un appel de détresse après une entrée d’eau dans la salle des machines. Le navire penche visiblement — mais, à ce stade, aucun signe formel de collision ou d’impact externe n’a été observé.
Des moyens de secours sénégalais se sont mobilisés, tandis qu’une cellule de crise a été activée pour surveiller la situation et préparer un éventuel sauvetage — ou un transfert de la cargaison.

Des accusations d’« attaque ukrainienne » dès les premières heures

Très vite, certains médias et observateurs liés au conflit russo-ukrainien ont suggéré l’hypothèse d’une attaque navale attribuée à l’SBU (services de sécurité ukrainiens) ou à des drones navals ukrainiens — et ce à la lumière de récents faits similaires en mer Noire.

Un de leurs arguments : le Mersin aurait reconnu avoir fait escale notamment dans le port russe de Taman en août dernier — un détail que certains jugent significatif, estimant qu’il pourrait l’avoir rendu vulnérable ou identifié comme un navire « à risque ».
En parallèle, la récente attaque revendiquée par l’Ukraine sur deux pétroliers de la « flotte fantôme russe » — Kairos et Virat — en mer Noire a ravivé les craintes quant à l’extension possible du conflit aux routes maritimes internationales.

Le 28-29 novembre 2025, les deux pétroliers Kairos et Virat, sous pavillon gambien et liés à la « flotte fantôme russe », ont été la cible de frappes en mer Noire. Ces navires, vides au moment des attaques, auraient été touchés par des drones navals ukrainiens, selon une revendication de l’Ukraine.
Ces actions s’inscrivent dans une stratégie visant à réduire la capacité de la Russie à exporter du pétrole via des navires sanctionnés — un volet maritime du conflit, qui montre que la guerre touche désormais aussi la navigation commerciale.
Certains analystes estiment que si le Mersin était effectivement relié à ces chaînes logistiques, cela pourrait expliquer pourquoi il serait visé. Mais, à ce stade, cette version reste non confirmée indépendamment.

Pourquoi le scénario d’un simple incident technique ne peut être écarté

Les informations rendues publiques jusqu’ici — notamment celles de médias de suivi maritime — soulignent qu’aucune preuve visible d’impact externe (collision, explosion, attaques, traces…) n’a été relevée sur le Mersin.
Le détournement d’eau vers la salle des machines pourrait tout aussi bien être dû à un défaut technique, une faille d’entretien ou un problème de structure — un scénario plus banal pour un tanker en mer, mais toujours potentiellement dangereux, surtout chargé de carburant.
Enfin, aucune autorité sénégalaise ou internationale n’a, à ce jour, confirmé l’hypothèse d’une attaque — ce qui oblige à la prudence.

Enjeux — sécurité maritime, environnement et géopolitique

  • Sécurité maritime : si le tanker sombre, cela pourrait menacer le trafic commercial dans l’Atlantique de l’Ouest, et poser la question de la sécurité des navires liés — de près ou de loin — aux réseaux pétroliers russes.

  • **Risque écologique ** : avec des milliers de tonnes de carburant à bord, un naufrage pourrait provoquer une marée noire, mettant en danger les côtes sénégalaises et les systèmes de pêche locaux.

  • Dimension géopolitique : l’affaire illustre la porosité grandissante entre guerre, commerce maritime et sanctions — et interroge sur le rôle, volontaire ou non, de pays tiers dans la logistique de l’énergie russe.

L’affaire du M/T Mersin reste, pour l’instant, un profond mystère. Si l’hypothèse d’une attaque ukrainienne alimente l’opinion, aucune preuve indépendante ne confirme ce scénario. L’alternative d’un incident technico-structurel demeure tout aussi plausible.

Ce qui est certain, c’est que cet événement illustre la fragilité de la navigation marchande dans un contexte de guerre internationale : routes maritimes, navires commerciaux, intérêts économiques et risques environnementaux se mêlent désormais de façon plus directe, rendant l’ensemble plus volatile — pour les États, mais surtout pour les populations côtières.

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