Loyers au Sénégal : La CDC prend le contrôle des cautions, une bouffée d’oxygène pour les locataires

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SENTV : Fadilou Keita annonce une réforme inédite : les cautions de loyer seront bientôt centralisées à la Caisse des Dépôts, une mesure attendue face aux abus du marché locatif.

Dans un marché locatif souvent dénoncé pour ses dérives, la Caisse de dépôt et de consignations (CDC) s’apprête à introduire une réforme de fond qui pourrait transformer la relation entre propriétaires et locataires au Sénégal. Le directeur général de la CDC, Fadilou Keita, a confirmé, dans un entretien exclusif accordé à Seneweb, que les cautions de loyer seront désormais déposées directement à la CDC, et non plus entre les mains des bailleurs privés.

« Tout sera réglementé pour permettre au locataire d’entrer dans ses fonds à la fin de sa location », a précisé Fadilou Keita.

Cette mesure phare, présentée comme une réponse aux multiples abus constatés sur le terrain, vise à mettre fin aux exigences illégales de cautions de plusieurs mois, aux litiges persistants sur la restitution des dépôts et à l’opacité généralisée qui entoure encore trop souvent la signature des baux au Sénégal.

Une régulation attendue dans un marché sous tension

Au fil des années, les plaintes de locataires lésés se sont multipliées, en particulier dans les grandes villes comme Dakar, Thiès ou Saint-Louis, la flambée des loyers va de pair avec des conditions d’accès de plus en plus contraignantes. Certains bailleurs réclament jusqu’à quatre mois de caution, bien au-delà des standards internationaux.

Avec cette réforme, la CDC entend instaurer un mécanisme transparent, sécurisé et équitable. Le dépôt de la caution sera officialisé, encadré légalement, et libéré au locataire à la fin de la location, sauf litige formel constaté. En cas de contentieux, c’est la CDC qui servira d’arbitre neutre, avec la possibilité de recours facilité pour les deux parties.

Des impacts attendus sur les prix et les intermédiaires

Fadilou Keita n’a pas exclu que cette réforme ait des effets à la baisse sur les loyers, en supprimant les pratiques spéculatives liées aux dépôts initiaux. Autre conséquence envisagée : la réduction du rôle des courtiers informels, souvent accusés de gonfler artificiellement les coûts et d’alimenter des circuits parallèles peu transparents.

Cette réforme s’inscrit dans une dynamique plus large de modernisation du secteur immobilier, amorcée ces dernières années par les autorités sénégalaises. Elle fait aussi écho aux recommandations de plusieurs organisations de défense des consommateurs, qui réclamaient depuis longtemps une régulation stricte des pratiques locatives.

Prochaines étapes : déploiement progressif

Le texte d’application de la réforme est attendu dans les prochains mois. Selon nos informations, la CDC travaille avec le ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat à l’élaboration d’un cadre juridique précis. Une phase pilote devrait être lancée d’abord dans la région de Dakar, avant un déploiement progressif à l’échelle nationale.

Réactions mitigées mais un large soutien citoyen

Si de nombreux locataires et associations de consommateurs saluent une « mesure salvatrice », des voix s’élèvent du côté des propriétaires qui redoutent une « bureaucratisation du processus locatif » et une perte de contrôle sur leurs biens. Certains réclament des garanties en cas de dégradations ou de loyers impayés.

Mais pour Fadilou Keita, l’objectif est clair : rétablir la confiance, protéger les deux parties, et poser les bases d’un marché locatif mieux régulé, plus juste et plus transparent.

Avec cette réforme, le Sénégal amorce un virage historique dans la gestion des relations bailleur-locataire. Si elle est bien encadrée et correctement appliquée, cette mesure pourrait rééquilibrer durablement les rapports de force, dans un secteur longtemps livré à lui-même.

La rédaction de la SENTV.info 

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