Lutte antitabac au Sénégal : LISTAB alerte sur un recul inquiétant et accuse l’inaction des nouvelles autorités

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SENTV : À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, la Ligue Sénégalaise Contre le Tabac (LISTAB) a publié un communiqué au ton sévère, dénonçant un ralentissement préoccupant de la politique antitabac au Sénégal. L’organisation pointe du doigt l’immobilisme de l’administration actuelle, et particulièrement celui du ministère de la Santé et de l’Action sociale, dirigé depuis avril par le ministre Ibrahim Sy.

Selon la LISTAB, la loi antitabac adoptée le 14 mars 2014 — saluée à l’époque comme un modèle en Afrique de l’Ouest — est aujourd’hui quasiment inapplicable, faute de textes réglementaires opérationnels. « Certains décrets indispensables à sa mise en œuvre sont bloqués depuis plus de cinq ans », déplore l’organisation.

Un environnement réglementaire à l’arrêt

Le communiqué dénonce un blocage institutionnel persistant, aggravé par « l’attentisme » des nouvelles autorités. « L’administration du ministère, tout comme les anciens ministres, n’a jusqu’ici posé aucun acte concret pour relancer la dynamique de la lutte antitabac », estime LISTAB.

Au cœur des préoccupations figure notamment la prolifération incontrôlée des bars à chicha, estimés à plus de 600 à Dakar seulement. Un phénomène que l’organisation considère comme une porte d’entrée vers le tabagisme chez les jeunes, particulièrement entre 10 et 18 ans. « La chicha, tout comme le vapotage, est banalisée dans l’espace public, au vu et au su de tous », regrette la structure.

L’appel à un sursaut politique

Amadou Moustapha Gaye, président de la LISTAB, appelle le ministre Ibrahim Sy à sortir de « l’approche bureaucratique stérile » et à rencontrer les vrais acteurs représentatifs et légitimes du secteur. Il critique également les tentatives de réforme menées sans concertation, dénonçant des projets de texte « confectionnés en catimini » et influencés par des intérêts affairistes au sein de la société civile.

Le Sénégal en infraction internationale

Le communiqué rappelle par ailleurs que le Sénégal est en infraction avec plusieurs engagements internationaux, notamment :

  • La Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, ratifiée par le Sénégal ;

  • Les directives fiscales et sanitaires de l’UEMOA et de la CEDEAO, notamment en matière de taxation et de contrôle des produits du tabac.

La présence massive de produits illicites sur le marché national et l’absence de réformes fiscales adaptées aggravent la situation, compromettant à la fois la santé publique et les recettes de l’État.

À l’heure où la consommation de tabac chez les jeunes repart à la hausse, la LISTAB exhorte les autorités à sortir de l’inaction, relancer le cadre réglementaire et engager une politique cohérente de prévention, répression et accompagnement. À défaut, le Sénégal risque de voir s’effondrer un chantier sanitaire pourtant salué sur la scène internationale il y a à peine une décennie.

La rédaction de la SENTV.info 

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