Macky Sall balaie les accusations sur une « dette cachée » : « L’État ne peut pas dissimuler une dette publique »
SENTV : Pour la première fois depuis la polémique née autour d’une supposée « dette cachée », l’ancien président sénégalais Macky Sall est sorti de son silence. Interrogé par le journaliste Julian Pecquet dans le média américain Africa Center Front Page, le chef de l’État sortant a qualifié ces accusations de « non-sens », dénonçant ce qu’il considère comme une tentative d’instrumentalisation politique.
Depuis plus d’un an, la notion de « dette cachée » alimente les controverses au Sénégal. Des voix de l’opposition et de la société civile réclament plus de transparence sur la gestion de la dette publique durant les deux mandats de Macky Sall. Certains soupçonnent l’ancien régime d’avoir contracté des engagements financiers non répertoriés dans les documents budgétaires officiels.
Jusqu’ici resté silencieux, Macky Sall a profité d’un entretien consacré aux enjeux économiques et sécuritaires du continent africain pour répondre fermement :« Une dette publique, on ne peut pas la cacher par définition. Elle suppose un engagement formel de l’État envers un bailleur, validé par un avis obligatoire de la Cour Suprême pour chaque convention de dette internationale. »
Pour appuyer ses propos, l’ancien président a rappelé les mécanismes de contrôle budgétaire et financier auxquels le Sénégal est soumis, notamment ceux imposés par la BCEAO, la Cour des comptes et les institutions parlementaires :
« Toute dette extérieure passe nécessairement par la BCEAO. Et la surveillance multilatérale s’opère sans même que le président de la République en soit directement informé dans certains cas. Comment peut-on alors imaginer qu’une telle dette puisse être dissimulée ? » a-t-il interrogé.
Selon lui, ces accusations reposeraient sur une mauvaise interprétation des chiffres ou sur une volonté politique de ternir son bilan économique.
Macky Sall a également assumé l’ampleur de l’endettement durant ses années au pouvoir, qu’il relie directement à son ambition de transformation structurelle du pays :
« Est-ce qu’on peut me reprocher d’avoir accéléré l’électrification rurale, multiplié les infrastructures, lancé le Train Express Régional ou développé les routes ? L’argent a servi à cela. »
Il rejette toute idée de gestion opaque et affirme attendre avec sérénité les résultats des audits en cours :
« J’attends les termes de référence du rapport d’audit. Qu’on parle avec des preuves et non avec des soupçons. »
Cette sortie médiatique ne manquera pas de relancer les débats au Sénégal, notamment au sein de la classe politique. Le gouvernement actuel, dirigé par le président Bassirou Diomaye Faye, a promis un audit exhaustif de la dette contractée sous le régime précédent, dans un souci de transparence et de reddition des comptes.
Mais pour Macky Sall, la messe est dite : la dette était connue, contrôlée, et investie dans des projets visibles.
À la fin de son mandat, la dette publique du Sénégal avoisinait 75 % du PIB, selon les chiffres du FMI. Si le niveau reste jugé soutenable à court terme, la vigilance est de mise face à une dette extérieure majoritairement libellée en devises, et donc sensible aux chocs exogènes (hausse des taux, dépréciation du franc CFA, etc.). Le débat sur la transparence de sa gestion s’inscrit aussi dans un contexte de réformes institutionnelles promues par les nouvelles autorités.
La rédaction de la SENTV.info