Macky Sall, la contre-offensive d’un ex-président sous pression judiciaire

0

SENTV : L’étau judiciaire se resserre autour de l’ancien président sénégalais Macky Sall. Depuis son départ du pouvoir en avril 2024, l’ex-chef de l’État, installé au Maroc, voit son entourage et sa gestion passés au peigne fin par les nouvelles autorités. Loin de garder le silence, il prépare une riposte judiciaire offensive pour contester ce qu’il considère comme une cabale politique.

La machine judiciaire semble désormais lancée. Après l’arrestation de Mansour Faye, ancien ministre et beau-frère de Macky Sall — récemment libéré provisoirement après plusieurs semaines de détention — c’est au tour de membres directs de la famille de l’ex-président d’être ciblés.

Son fils aîné, Amadou Sall, fait l’objet d’une enquête pour blanchiment de capitaux et association de malfaiteurs, à la suite d’un rapport accablant de la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières). Son frère cadet, Aliou Sall, ex-directeur de la Caisse des Dépôts et Consignations, a lui aussi été convoqué par la Division des investigations criminelles (DIC), pour des faits similaires.

Plus que jamais, le nom de Macky Sall lui-même est cité dans des affaires en cascade. Des sources proches du parquet évoquent des accusations possibles de faux en écriture publique, détournement de deniers publics, et même de haute trahison, une infraction qui, si elle était retenue, pourrait justifier l’émission d’un mandat d’arrêt international.

Fadilou Keita, actuel directeur de la Caisse des Dépôts, n’a pas mâché ses mots : « On le poursuivra pour haute trahison et on l’arrêtera », a-t-il déclaré lors d’une interview télévisée, ajoutant que le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) « parle de lui-même ».

Mais Macky Sall n’a pas dit son dernier mot. Depuis Rabat, où il réside officiellement pour raisons personnelles, l’ancien président a mandaté son avocat français, Me Pierre-Olivier Sur, pour mener la contre-attaque sur le terrain juridique.

Dans deux courriers datés du 7 octobre, publiés par L’Observateur, Me Sur a adressé des demandes formelles au ministre des Finances, Cheikh Diba, et au président de la Cour des Comptes, Mamadou Faye. Il exige la transparence sur le rapport de l’IGF, qui, selon lui, aurait été transmis à la Cour sans respecter le principe du contradictoire.

« Les responsables de la période 2019-2024 n’ont jamais été entendus », déplore-t-il, dénonçant une instruction à charge.

L’équipe de défense de Macky Sall — composée de juristes français et sénégalais — prépare une contre-expertise des finances publiques de son mandat, en sollicitant des économistes indépendants. Objectif : démontrer que la dette, les déficits et les décaissements budgétaires ont été manipulés à des fins politiques par le nouveau pouvoir en place.

Parallèlement, Me Sur a réclamé la transmission du rapport provisoire de l’IGF et des lois de règlement qui valident l’exécution des budgets sur la période visée. Il espère ainsi démontrer que l’ancienne administration a agi dans le cadre légal, ou du moins, que les irrégularités sont loin des accusations de « prédation d’État » qui circulent dans les médias.

Le traitement réservé à Macky Sall suscite déjà des débats politiques. Certains y voient une volonté légitime de rendre des comptes après 12 années de pouvoir, d’autres pointent une tentative de règlement de comptes politiques visant à écarter toute velléité de retour dans le paysage politique.

Le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko ont fait de la reddition des comptes une priorité, dans un contexte de fort appétit populaire pour la justice post-régime. Mais la frontière entre justice et règlement politique pourrait bien devenir l’un des enjeux majeurs de ce dossier.

La rédaction de la SENTV.info

- Advertisement -

commentaires
Loading...