Mali : l’Union africaine tire la sonnette d’alarme face à une crise qui s’enlise

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SENTV : Alors que le nord du Mali s’enfonce dans une spirale de violence et d’isolement, l’Union africaine appelle la communauté internationale à agir sans délai. La situation humanitaire, déjà dramatique, s’aggrave sous le poids d’un blocus jihadiste et d’une économie asphyxiée.

Le ton est grave du côté d’Addis-Abeba. Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Mahmoud Ali Youssouf, a exprimé sa « profonde préoccupation » face à la dégradation rapide de la situation sécuritaire au Mali. Dans un communiqué publié sur le réseau X (anciennement Twitter), l’UA alerte sur un blocus imposé par des groupes jihadistes qui coupe plusieurs régions du pays de tout accès aux produits essentiels, notamment le carburant et les denrées alimentaires.

« Nous appelons à une action internationale urgente, coordonnée et cohérente, pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent au Sahel », a déclaré M. Youssouf, exhortant les partenaires du Mali à une réponse collective.

Depuis plusieurs semaines, les combattants du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), affilié à Al-Qaïda, multiplient les attaques contre les convois routiers reliant Bamako au nord du pays. Les flux commerciaux sont paralysés, les réserves de carburant s’épuisent et les prix flambent. À Tombouctou, Gao ou Tonka, les habitants témoignent d’une pénurie quasi totale d’essence et de produits de première nécessité.

Cette asphyxie économique fragilise davantage la junte au pouvoir, déjà confrontée à une montée des tensions internes et à l’isolement diplomatique croissant depuis le retrait des forces françaises et onusiennes.

La violence a pris un visage tragique le 7 novembre dernier. À Tonka, dans la région de Tombouctou, une jeune tiktokeuse malienne, Mariam Cissé, âgée d’une vingtaine d’années, a été exécutée publiquement par des jihadistes présumés. La jeune femme, suivie par plus de 90 000 abonnés sur TikTok, était connue pour ses vidéos sur la vie quotidienne dans sa région.

Selon des sources locales, elle aurait été accusée d’avoir informé l’armée malienne des mouvements des groupes armés. Enlevée la veille, elle a été fusillée sur la place de l’Indépendance, sous les yeux de plusieurs habitants.
Son frère, témoin de la scène, a confié à l’AFP :

« Ils l’ont arrêtée, accusée de trahison, puis exécutée devant tout le monde. C’était d’une cruauté insoutenable. »

L’émotion est vive au Mali, où de nombreuses voix dénoncent « un acte barbare » et s’inquiètent d’un retour des exécutions publiques dans les zones contrôlées par les groupes armés.

Face à la montée du péril, la France, les États-Unis et le Royaume-Uni ont conseillé à leurs ressortissants de quitter le Mali. Paris a demandé à ses citoyens de partir « dès que possible », tandis que Washington et Londres ont procédé à l’évacuation de leur personnel non essentiel et des familles diplomatiques.

Ces départs renforcent le sentiment d’abandon ressenti par de nombreux Maliens, alors que la population civile paie le prix fort d’un conflit qui semble s’enliser.

L’appel de l’Union africaine résonne comme un avertissement. Mais sans un sursaut collectif, le Mali risque de s’enfoncer un peu plus dans un cycle de violence et de désespoir. Le pays, pris entre la pression des jihadistes et l’isolement diplomatique, vit au rythme d’une guerre silencieuse dont les principales victimes restent les civils.

La rédaction de la SENTV.info

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