Mansour Faye face à la Haute Cour : un soupçon de détournement de 2,7 milliards FCFA dans la gestion du riz Covid
SENTV : Nouveau rebondissement dans l’affaire de la gestion des fonds de riposte contre la Covid-19. Amadou Mansour Faye, ancien ministre du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale sous le régime de Macky Sall, est désormais poursuivi pour un détournement présumé de 2,749 milliards FCFA, selon une résolution adoptée par la Commission des Lois de l’Assemblée nationale.
Cette mise en accusation s’appuie sur les conclusions du rapport définitif de la Cour des Comptes et les résultats d’une enquête conduite par la Division des Investigations Criminelles (DIC). Le rapport évoque une surfacturation massive dans le cadre de l’acquisition de riz destiné à l’aide alimentaire d’urgence durant la pandémie.
Une gestion opaque du fonds Force-Covid-19
Selon les enquêteurs, le ministère dirigé par Mansour Faye avait reçu une enveloppe globale de 69 milliards FCFA, dont 10 milliards étaient directement logés dans un compte au Trésor public intitulé MDCEST-FORCE COVID. Le reste était géré par la Direction générale du Budget. Cependant, les documents fournis révèlent que les ordres de paiement étaient transmis sur instructions du ministre à son collègue des Finances, en dehors de procédures normalisées.
Parmi les irrégularités relevées, figure une facturation excessive de riz, estimée à près de 2,75 milliards FCFA. Plusieurs fournisseurs – notamment CCMN, AVANTI, AFRI & CO – auraient obtenu des commandes en doublon ou signé des contrats au nom de sociétés distinctes, mais relevant du même réseau.
Des faits lourds de conséquences pénales
La résolution parlementaire adoptée à la majorité cite une série d’infractions graves à l’encontre de l’ex-ministre :
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Détournement de deniers publics,
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Escroquerie sur des fonds publics,
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Concussion,
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Prise illégale d’intérêts,
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Faux et usage de faux,
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et blanchiment de capitaux, conformément aux articles du Code pénal sénégalais et à la loi 2024-08 sur le blanchiment et le financement du terrorisme.
Selon la Commission, les éléments réunis sont « graves et concordants » et justifient la saisine de la Haute Cour de Justice, seule compétente pour juger les membres ou anciens membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions.
Un dossier qui embarrasse l’ancien régime
Cette mise en accusation, la quatrième en quelques semaines visant des anciens ministres de Macky Sall, fait partie d’une vaste campagne de reddition des comptes initiée par les autorités actuelles. Longtemps resté silencieux sur cette affaire, Mansour Faye, par ailleurs beau-frère de l’ex-chef de l’État, voit son nom désormais solidement associé à l’un des plus grands scandales de la gestion des aides Covid.
Des appels à un procès équitable et à un traitement non politisé se font déjà entendre au sein de l’opposition comme de la société civile. Mais pour beaucoup, ce procès pourrait être un test clé de l’indépendance de la justice sénégalaise, et une opportunité de rétablir la confiance dans les institutions.
La rédaction de la SENTV.info