Mansour Faye sous les verrous : la Haute Cour de justice enclenche une nouvelle étape dans l’affaire des fonds Covid
SENTV : Le couperet est tombé. Mansour Faye, ancien ministre du Développement communautaire et maire de Saint-Louis, a été inculpé et placé sous mandat de dépôt ce lundi par la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice. Cette mesure fait suite à une audition cruciale dans le cadre de l’enquête sur la gestion controversée des fonds alloués à la lutte contre le Covid-19.
Personnalité influente du régime précédent et beau-frère de l’ancien président Macky Sall, Mansour Faye est poursuivi pour détournement de deniers publics, escroquerie sur des fonds publics et blanchiment de capitaux. Selon les estimations provisoires du parquet spécial, le préjudice avoisinerait 2,749 milliards de francs CFA.
Son avocat, Me Amadou Sall, a tenté de minimiser la gravité de la procédure en proposant une caution, sans succès.
« Nous avons fait une offre de cautionnement, mais elle n’a pas été acceptée. Nous avons également présenté des arguments de droit solides, mais nos contestations n’ont pas été retenues », a-t-il regretté.
Cette mise en détention fait suite à la résolution adoptée par l’Assemblée nationale le 8 mai, qui a autorisé la Haute Cour de justice à poursuivre l’ex-ministre dans le cadre de ses fonctions ministérielles entre 2019 et 2022. La relance de cette juridiction d’exception marque un tournant notable dans la gouvernance sénégalaise post-alternance.
L’affaire Mansour Faye s’inscrit dans une série de poursuites judiciaires initiées contre d’anciens membres du gouvernement. Déjà, Moustapha Diop et Aïssatou Sophie Gladima ont été incarcérés. Ndeye Saly Diop Dieng a été libérée sous caution, tandis qu’Ismaïla Madior Fall reste sous surveillance électronique.
Une justice sous tension
La décision de la Haute Cour de justice intervient dans un climat politique tendu, où les appels à la reddition des comptes se heurtent aux accusations de chasse aux sorcières. Pour les autorités actuelles, cette dynamique s’inscrit dans une logique de rupture avec l’impunité ; pour d’autres, elle pourrait masquer des motivations plus politiques.
L’enjeu est de taille : il s’agit à la fois de restaurer la confiance des citoyens dans les institutions et de démontrer que la justice sénégalaise peut se montrer impartiale, même face aux plus puissants. Le procès à venir de Mansour Faye, s’il est mené avec rigueur et transparence, pourrait bien être un tournant dans la lutte contre la corruption au Sénégal.
La rédaction de la SENTV.info