SENTV: Né vers 1855 à Gaya, dans le royaume du Walo au nord du Sénégal, Maodo Malick Sy a été élevé par son oncle maternel, Alpha Mayoro Wélé, qui l’initia très tôt à la confrérie soufie Tijâniyya.
Un parcours intellectuel et spirituel exceptionnel
Pendant près de vingt-cinq ans, Maodo sillonna les principaux foyers islamiques du Sénégal, accumulant une solide formation en théologie, jurisprudence (fiqh), grammaire arabe, sciences religieuses et même mathématiques ou poésie.
À seulement 18 ans, il devient professeur d’arabe, obtient le wird tidjan ainsi que l’ijâza, marquant sa chaîne de transmission comme incomparable.
De pèlerin à bâtisseur de savoir
Son pèlerinage à la Mecque en 1888, via Marseille puis Alexandrie, marque une étape spirituelle majeure.
À son retour, Maodo fonde une zawiya à Saint‑Louis en 1892, puis installe des écoles dans le Djolof et le Walo.
En 1902, à l’invitation de Djibril Guèye, il s’établit définitivement à Tivaouane, qui devient sous sa guidance un centre religieux et culturel incontournable.
Une stratégie spirituelle et éducative novatrice
Face à l’administration coloniale, Maodo sut défendre son engagement religieux avec intelligence et dignité, déclarant :
“Dieu nous a ordonné, à vous et à moi … Vous avez refusé et moi j’exécute.”
Une réponse éloquente aux accusations des colons sur ses activités.
Il organisa une diffusion décentralisée de la Tijâniyya, envoyant ses disciples — Mukhadam dans toutes les régions du Sénégal et même dans plusieurs pays africains, assurant ainsi un rayonnement durable.
Œuvre écrite et legs spirituel
Dans le domaine littéraire, Maodo a laissé de nombreux ouvrages majeurs :
- « Khilazu‑zahab » (L’or décanté) : un poème en 1001 vers, condensé de la vie du Prophète (PSL).
- « Kifayatou Raghibine » : traité de droit civil, social et pénal.
- D’autres œuvres remarquables : Wassilatoul Mouna, Fatihatou Toulaab, Ifhâm al‑munkir al‑jâmi, etc.
Un centenaire toujours vivant dans les cœurs
Maodo s’éteint le 27 juin 1922 à Tivaouane, laissant un héritage spirituel et intellectuel qui résonne encore aujourd’hui. Maodo Malick Sy incarne ce que peut être un leader spirituel inspiré par la Sunna et la Charia, engagé dans la transmission du savoir et le service des communautés. À l’origine d’un réseau organique de propagation religieuse, il posa les fondations d’une Tijâniyya vivante, enracinée dans la justice, la décentralisation et l’éducation.
La rédaction de la SENTV.info