Marché d’armement de 45 milliards : la justice resserre l’étau, trois arrestations et des perquisitions ciblées
SENTV : L’enquête autour du contrat d’armement estimé à 45,3 milliards de FCFA, conclu sous l’ancien régime de Macky Sall, entre dans une phase décisive. Selon des sources proches du dossier, le parquet financier a enclenché une opération judiciaire d’envergure, sur la base d’un rapport alarmant de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF). Ce document pointe des flux financiers suspects, déclenchant une série d’interpellations et de perquisitions.
Trois individus ont été placés en garde à vue par la Division des investigations criminelles (DIC) suite à une délégation judiciaire délivrée dans le cadre de cette affaire. Par ailleurs, deux informations judiciaires distinctes ont été ouvertes et confiées aux juges des premier et troisième cabinets d’instruction financiers, signalant la complexité et la gravité des faits reprochés.
Dans la foulée, une perquisition a été menée au niveau de l’immeuble « Océan », à Dakar, siège de la société Tactical Systems International (TSI), présumée bénéficiaire du marché incriminé. Cette société est liée à Boubacar Cissé, surnommé « Petit Boubé », un homme d’affaires au profil controversé qui a quitté le territoire sénégalais peu après l’élection présidentielle de mars 2024.
Des soupçons lourds : blanchiment et détournement
L’affaire avait éclaté après la transmission au parquet d’éléments financiers suspects liés à ce marché stratégique, attribué sans appel d’offres clair, et comportant des irrégularités dans les flux bancaires entre TSI et des sociétés offshore. Les accusations de blanchiment de capitaux et de détournement de deniers publics sont au cœur des investigations menées par la DIC, sous l’autorité du procureur spécial près le parquet financier, Alioune Abdoulaye Sylla.
Le contrat, signé sous l’ancienne administration, portait sur la fourniture d’équipements militaires à destination des forces armées sénégalaises. Mais la traçabilité des fonds et les modalités de paiement soulèvent des zones d’ombre qui interpellent la justice.
« Il ne s’agit pas seulement d’un soupçon de surfacturation, mais d’un véritable montage financier opaque qui implique potentiellement des circuits internationaux de blanchiment », confie une source judiciaire sous anonymat.
Un dossier à haute sensibilité politique
Cette affaire intervient dans un contexte politique tendu, alors que le nouveau pouvoir affiche sa volonté de rompre avec les pratiques opaques du passé. Pour les autorités judiciaires, cette procédure illustre une dynamique de lutte renforcée contre la corruption et les crimes économiques, dans le sillage des promesses du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko.
À ce stade, aucune inculpation formelle n’a encore été prononcée, mais les auditions se poursuivent. Le parquet financier se montre déterminé à aller « jusqu’au bout », selon les mots du procureur, pour faire la lumière sur un marché qui, à lui seul, représente près de 10 % du budget annuel de la défense du pays.
La rédaction de la la SENTV.info