Marché noir pharmaceutique à Dakar : 438 kg de médicaments illicites interceptés, un risque sanitaire à 503 millions FCFA
SENTV : Une opération conjointe de l’Agence Sénégalaise de Réglementation Pharmaceutique (ARP) et des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) a permis de mettre la main sur 438 kilogrammes de faux médicaments, pour une valeur marchande estimée à 503 millions FCFA. Une saisie d’ampleur, révélatrice d’un marché parallèle qui prospère malgré les campagnes de répression et de sensibilisation.
L’opération, qui s’est déroulée du 18 au 29 août 2025, a ciblé plusieurs zones connues pour héberger des circuits informels de vente pharmaceutique, notamment Grand Yoff, Médina, Thiaroye, Foire et Scat Urbam.
Un cocktail de dangers dans les rues de Dakar
Les produits saisis couvraient une large gamme de médicaments essentiels mais détournés de leur circuit réglementaire, allant des antalgiques, anti-inflammatoires, antidiabétiques, antihypertenseurs jusqu’aux abortifs, stimulants sexuels, antifongiques et produits dits esthétiques : crèmes éclaircissantes, substances pour l’augmentation mammaire ou fessière, et matériel pour chirurgie esthétique clandestine.
« Ces substances, souvent falsifiées ou mal conservées, circulent en dehors de tout cadre de contrôle. Elles exposent les populations à des risques graves, allant de l’intoxication aiguë à des atteintes irréversibles du foie et des reins », alerte un pharmacologue de l’ARP, contacté après l’annonce de la saisie.
Selon les experts de l’agence, les dernières données épidémiologiques indiquent une augmentation inquiétante des cas d’insuffisance rénale et hépatique liés à la consommation de médicaments de qualité inférieure ou contrefaits.
Un trafic alimenté par la désinformation et la précarité
L’ARP pointe du doigt un double facteur : d’une part, l’accessibilité financière des faux médicaments, bien en-deçà des prix pratiqués dans les officines agréées ; d’autre part, le déficit d’information des populations, particulièrement en zones périurbaines, où les vendeurs ambulants exploitent les failles du système de santé.
Les réseaux démantelés lors de l’opération agissaient de façon structurée : approvisionnement transfrontalier, stockage clandestin, et distribution informelle sur les marchés et via des canaux en ligne. Certaines substances provenaient de laboratoires non homologués situés en Asie et en Afrique de l’Ouest, selon une source sécuritaire proche du dossier.
Les autorités haussent le ton
L’ARP a lancé un appel ferme à la vigilance citoyenne et rappelle que seules les pharmacies agréées sont autorisées à vendre des médicaments au Sénégal, conformément aux dispositions du Code de la santé publique.
« Le médicament n’est pas un produit comme les autres. Sa vente illégale constitue un crime contre la santé publique », a martelé un responsable de l’agence.
Les autorités appellent à renforcer les sanctions pénales contre les trafiquants, mais aussi à intensifier la sensibilisation, notamment auprès des jeunes, souvent ciblés par les produits amaigrissants, énergisants ou éclaircissants vendus en toute illégalité.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 1 médicament sur 10 dans les pays en développement serait falsifié ou de qualité inférieure. L’Afrique de l’Ouest est particulièrement touchée par ce phénomène, avec des réseaux transnationaux qui exploitent les frontières poreuses et la faiblesse des contrôles dans certains ports et corridors commerciaux.
La rédaction de la SENTV.info