Mauritanie : la Cour suprême clôt le chapitre Mohamed Ould Abdel Aziz — 15 ans de prison confirmés pour l’ex-chef d’État
SENTV : Dans un tournant majeur pour la justice mauritanienne, la Cour suprême de Mauritanie a rejeté mardi le recours de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, confirmant sa condamnation à quinze ans de prison ferme pour « enrichissement illicite », « trafic d’influence » et abus de pouvoir.
Aziz, 69 ans, qui a dirigé la Mauritanie de 2008 à 2019 après un coup d’État, avait déjà été condamné en première instance en décembre 2023 à cinq ans de prison ferme. En mai 2025, en appel, la peine avait été portée à quinze ans par un tribunal de Nouakchott. Le document judiciaire consulté par la presse précise que la Cour suprême « a rendu sa décision ce jour, confirmant la condamnation du sieur Mohamed Ould Abdel Aziz ».
La condamnation s’inscrit dans le dossier qualifié de « décennie de la corruption », au titre duquel des actifs estimés à plus de 70 millions de dollars auraient été accumulés par l’ancien chef de l’État via un réseau d’entreprises écrans et de comptes offshore. L’ancien président est détenu depuis le 24 janvier 2023, après plusieurs mois de mise en détention dès 2021.
Ce verdict marque un moment inédit dans la lutte contre la corruption au plus haut sommet de l’État en Mauritanie. Rare sont les anciens présidents africains jugés et condamnés pour enrichissement illicite.
Il s’agit d’un signal fort adressé aux élites politiques, quant au fait que l’impunité ne sera plus systématiquement de mise.
Toutefois, des voix tant nationales qu’internationales soulignent les risques de politisation : la défense d’Aziz avait déjà affirmé que le procès relevait d’un « réglage de comptes politiques ».
Sur le plan institutionnel, cette décision pourrait renforcer les expectations de transparence, mais elle met aussi en lumière les défis persistants : ressources de la justice, indépendance du parquet, protection des droits de la défense.
Socialement, le dossier intervient dans un contexte où la Mauritanie reste marquée par de fortes disparités économiques et où un sentiment d’injustice s’était accru à l’égard des élites.
La Cour suprême ayant rendu sa décision, l’affaire semble marquer la fin des recours pour l’ancien président. Reste à observer l’évolution concernant les co-accusés, anciens hauts responsables et fondations dissoutes dans le cadre de cette affaire.
Il conviendra également de surveiller l’application de la confiscation des biens et la restitution ou utilisation des actifs saisis au bénéfice de l’État.
Enfin, l’impact sur le climat des affaires et l’investissement international sera à mesure, car la lutte contre la corruption est un critère analysé par les bailleurs et investisseurs étrangers.
La rédaction de la SENTV.info