Moustapha Diakhaté derrière les barreaux : La justice sévit après des propos controversés sur le chef de l’État
SENTV : L’ancien ministre-conseiller à la présidence de la République, Moustapha Diakhaté, a été placé sous mandat de dépôt ce mercredi par le juge d’instruction, à l’issue de sa présentation au parquet. Selon son avocat, Me El Hadji Diouf, la mesure est liée à des propos tenus sur les réseaux sociaux, considérés comme offensants envers le président de la République, Bassirou Diomaye Faye.
L’ex-président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle sous Macky Sall, devenu une voix critique dans l’espace public, est poursuivi pour “offense au chef de l’État”, une infraction prévue et réprimée par le Code pénal sénégalais.
Diakhaté, convoqué dans la matinée à la Division des investigations criminelles (DIC), a été présenté au procureur, puis déféré devant un juge du tribunal des flagrants délits de Dakar, qui a ordonné sa mise en détention provisoire. Le procès est prévu pour le mercredi 18 juin 2025.
Les faits incriminés seraient liés à des déclarations publiques et posts diffusés récemment sur sa page Facebook, où Moustapha Diakhaté critiquait sévèrement la gouvernance du nouveau régime. Les autorités judiciaires ont estimé que certaines formulations visaient directement le chef de l’État de manière injurieuse ou diffamatoire.
Liberté d’expression ou trouble à l’ordre public ?
Cette affaire relance un débat récurrent au Sénégal : la limite entre liberté d’expression, liberté politique, et protection des institutions. Plusieurs voix de la société civile appellent à un réexamen des textes encadrant les infractions contre le chef de l’État, qu’ils jugent parfois trop flous ou répressifs.
Pour Me El Hadji Diouf, l’incarcération de son client est une « dérive inquiétante », affirmant qu’aucune critique politique ne devrait justifier une privation de liberté dans un État démocratique. Il annonce par ailleurs vouloir introduire une demande de mise en liberté provisoire dans les plus brefs délais.
L’audience du 18 juin s’annonce hautement médiatisée, au regard de la personnalité de l’accusé et des enjeux de liberté publique que soulève cette poursuite. Dans l’attente, Moustapha Diakhaté demeure incarcéré à la Maison d’arrêt de Rebeuss.
Contexte juridique :
L’article 254 du Code pénal sénégalais punit “l’offense au chef de l’État” d’une peine pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement et une amende. Cette disposition est souvent critiquée par les défenseurs des droits humains, qui y voient un instrument de répression des opinions dissidentes.
La rédaction de la SENTV.info