Moustapha Diop dans le viseur de la Haute Cour : 2,5 milliards FCFA de fonds Covid au cœur d’un scandale financier

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SENTV : L’ancien ministre du Développement industriel et des Petites et Moyennes Industries, Moustapha Diop, est officiellement dans la ligne de mire de la justice. Ce jeudi, l’Assemblée nationale a franchi une étape décisive en adoptant à la majorité une résolution actant sa mise en accusation devant la Haute Cour de Justice, dans le cadre d’un vaste scandale lié à la gestion du Fonds Force-Covid-19.

L’affaire trouve son origine dans les révélations du rapport final de la Cour des Comptes et les investigations parallèles de la Division des Investigations Criminelles (DIC). Selon les éléments réunis, un montant de 2,5 milliards de francs CFA, destiné à l’achat de masques pour lutter contre la propagation du coronavirus, aurait été détourné ou géré en violation flagrante des règles de la comptabilité publique.

Un circuit financier opaque
Les fonds, initialement logés dans un compte du Trésor, auraient été transférés vers un compte ouvert à la Bank of Africa, contrôlé exclusivement par M. Diop, en dehors de toute procédure administrative légale. Plus troublant encore : une commande de 250 000 masques, estimée à 100 millions FCFA, aurait été réglée en espèces, directement par l’ancien ministre, une méthode prohibée dans les opérations de l’État.

Les enquêteurs ont aussi mis au jour des mouvements financiers suspects, avec des dépôts en espèces d’origine inconnue sur les comptes du gestionnaire. Cette configuration laisse soupçonner un système de blanchiment et une possible association de malfaiteurs.

Un arsenal d’infractions reprochées
La Commission des Lois a retenu une longue liste d’infractions présumées à l’encontre de M. Diop : détournement de deniers publics, escroquerie, concussion, corruption, prise illégale d’intérêts, faux et usage de faux, blanchiment de capitaux, entre autres. Une combinaison qui pourrait entraîner de lourdes peines s’il est reconnu coupable par la juridiction compétente.

« Ce dossier est emblématique de ce que nous devons extirper de notre système : la confusion entre gestion publique et intérêts privés », a déclaré un député de l’opposition à l’issue du vote en commission.

Un signal politique fort
Cette mise en accusation s’inscrit dans une vaste opération de reddition des comptes, entamée par le gouvernement actuel à l’encontre de plusieurs ex-ministres du régime Macky Sall. Après Salimata Diop et Ismaïla Madior Fall, Moustapha Diop devient la troisième personnalité de premier plan renvoyée devant la Haute Cour de Justice dans le cadre des enquêtes post-Covid.

Il revient désormais à cette juridiction d’exception de statuer sur la responsabilité pénale de l’ancien ministre, conformément aux dispositions de l’article 101 de la Constitution et à la loi organique encadrant les poursuites contre les anciens membres du gouvernement.

Silence de l’accusé
Contacté par plusieurs médias, Moustapha Diop n’a pas souhaité réagir aux accusations. Son entourage évoque une procédure biaisée et annonce que la défense se réserve le droit d’initier un recours contre ce qu’elle considère comme une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.

Le dossier Diop pourrait marquer un tournant dans l’histoire judiciaire sénégalaise, en testant la capacité des institutions à juger des délits économiques à haut niveau.

La rédaction de la SENTV.info 

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