Mutinerie à la prison de Mbour : une opération de fouille vire à l’émeute, trois détenus grièvement blessés

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SENTV : La Maison d’arrêt et de correction (MAC) de Mbour a été le théâtre, samedi dernier, d’un violent affrontement entre gardes pénitentiaires et détenus, sur fond de tensions liées à une fouille controversée. Trois prisonniers ont été grièvement blessés, suscitant une grève de la faim dans plusieurs cellules de l’établissement.

Selon des informations recoupées par nos soins, les échauffourées ont éclaté dans la soirée du samedi 7 septembre, dans le quartier cellulaire de la MAC. À l’origine, une intervention des gardes pénitentiaires dans la chambre 9, dans le cadre d’une fouille ciblée visant à mettre la main sur des objets prohibés, notamment des téléphones portables et des substances illicites.

D’après des sources internes à la prison, corroborées par des témoignages de détenus, les agents sont intervenus alors que les pensionnaires prenaient leur dîner. Ces derniers auraient opposé une résistance catégorique à la fouille de leurs effets personnels, considérée comme humiliante et inopportune. L’altercation a rapidement dégénéré en heurts violents, contraignant les surveillants, débordés, à faire appel à des renforts.

Bilan humain et matériel lourd

Le bilan fait état de trois détenus blessés, dont un gravement à la tête, identifié comme Mbothie, un autre, Idy Gueye, touché au genou, et un troisième, connu sous le nom de Nar, souffrant de blessures aux pieds. Ce dernier a été admis en urgence à l’infirmerie de la prison. Du côté du matériel, des téléviseurs ont été détruits, des matelas éventrés et les repas renversés dans un climat de panique généralisée.

Face à ce qu’ils qualifient de « brutalité injustifiée », les détenus des chambres 1 à 9 ont lancé, dès le lendemain, une grève de la faim. Refusant tout dialogue avec la direction de la prison, ils ont exigé d’être entendus uniquement par le préfet de Mbour et le juge d’application des peines, qu’ils estiment plus à même de garantir leur sécurité et leurs droits.

Tentative d’apaisement des autorités

Dès le dimanche matin, une délégation de l’administration pénitentiaire, conduite par son directeur général, s’est rendue sur place pour désamorcer la crise. Cependant, les détenus ont dans un premier temps refusé tout échange. Ce n’est qu’à l’issue d’intenses discussions, dans la journée du lundi 9 septembre, qu’ils ont accepté de lever leur mouvement de grève.

Contactée par notre rédaction pour une réaction officielle, la cellule de communication de l’administration pénitentiaire, par la voix de Rose Sarr, a déclaré « ne pas être informée d’un tel incident », ajoutant « ne pouvoir se prononcer pour le moment ».

Une situation symptomatique d’un malaise profond ?

Ce nouvel épisode de tension dans une prison sénégalaise soulève une fois de plus la question des conditions de détention et du climat de défiance croissant entre gardiens et détenus. Selon des ONG spécialisées dans la défense des droits des prisonniers, les surpopulations, les violences systémiques et l’absence de mécanismes de médiation indépendants contribuent à faire de ces établissements des poudrières à ciel fermé.

En attendant les résultats de l’enquête administrative annoncée à huis clos, les familles des détenus blessés réclament transparence, justice et amélioration des conditions carcérales.

La rédaction de la SENTV.info

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