Pape Malick Ndour alerte : « Ce plan de redressement est une thérapie de choc aux conséquences sociales risquées »
SENTV : Alors que le gouvernement vient de dévoiler son Plan de redressement économique, censé répondre aux exigences de soutenabilité budgétaire fixées dans le cadre de ses engagements avec le Fonds monétaire international (FMI), la réaction de l’ancien ministre Pape Malick Ndour ne s’est pas fait attendre. Dans une déclaration publique, le responsable du parti Alliance pour la République (APR) a exprimé de vives réserves sur les orientations économiques prises par les nouvelles autorités.
Selon lui, la suppression ciblée des subventions, la fin d’exonérations fiscales dans des secteurs stratégiques et l’intensification de la pression fiscale risquent d’alourdir la charge des ménages déjà éprouvés par une inflation persistante. Il alerte également sur les effets délétères que ces mesures pourraient avoir sur les petites et moyennes entreprises (PME), ainsi que sur le secteur informel, moteur clé de l’emploi dans le pays.
« On attendait un cap, on a eu un choc. On espérait un souffle, on reçoit un coup de massue. Ce n’est pas une relance, mais une récession punitive qui se profile », a-t-il déclaré.
Une critique de l’orientation libérale du plan
Pape Malick Ndour, ancien ministre de la Jeunesse sous le président Macky Sall, dénonce ce qu’il qualifie de « soumission sans filtre » aux injonctions du FMI. Il rappelle que sous l’ancien régime, les arbitrages budgétaires avaient tenté de préserver le pouvoir d’achat des Sénégalais, tout en amorçant des réformes structurelles dans un cadre de négociation plus équilibré.
Il craint désormais une hausse généralisée des prix de l’électricité, du carburant et du gaz, des postes déjà sensibles dans le budget des ménages. Une inflation des prix de l’énergie pourrait, selon lui, entraîner un effet domino sur les produits de base et affecter lourdement les couches les plus vulnérables.
Climat d’incertitude pour les entreprises
Au-delà des ménages, l’ancien ministre pointe l’impact du plan sur le tissu économique local. Il cite notamment l’arrêt brutal de nombreux chantiers dans le BTP, un secteur majeur en termes d’emplois et de commandes publiques, combiné à un climat fiscal jugé lourd et incertain. Pour Ndour, les signaux envoyés aux investisseurs — nationaux comme étrangers — sont contre-productifs, d’autant plus qu’ils s’inscrivent dans une dynamique où la confiance des acteurs économiques reste fragile.
« Les discours qui stigmatisent les entreprises et la fiscalité agressive découragent l’investissement privé, sans lequel il n’y aura ni croissance, ni emploi », insiste-t-il.
Contexte : un tournant budgétaire pour le Sénégal
Ce plan de redressement intervient alors que le Sénégal cherche à rééquilibrer ses finances publiques après des années d’investissements massifs dans les infrastructures, couplés à une série de chocs exogènes (pandémie, guerre en Ukraine, cherté du dollar, etc.). Le gouvernement s’est engagé auprès du FMI dans un programme de réformes assorti d’un appui budgétaire et d’un suivi renforcé.
Toutefois, la dimension sociale des mesures adoptées suscite des critiques croissantes de la part de l’opposition, des syndicats et de certaines franges de la société civile, qui craignent un renforcement des inégalités.
La rédaction de la SENTV.info