Pénurie de carburant au Mali : Assimi Goïta exhorte la population à faire bloc face à l’ennemi

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SENTV : Pour la première fois, le chef de la transition malienne, le général Assimi Goïta, s’est adressé lundi à la nation au sujet de la grave crise du carburant qui secoue le pays. Une rare intervention publique dans un contexte tendu : les approvisionnements sont paralysés par une offensive ciblée du groupe djihadiste Jama’at Nusrat al‑Islam wal‑Muslimin (JNIM), affilié à Al‑Qaïda, sur les axes routiers reliant le Sénégal et la Côte d’Ivoire à la capitale malienne.

Lors d’un déplacement dans le sud du pays, à l’occasion de l’inauguration d’une mine de lithium, Goïta a lancé un message clair : si le gouvernement travaille à des solutions, « certaines réponses doivent aussi venir des familles ». Selon lui, en cette « période difficile, marquée par la pénurie de carburant », les citoyens qui « ont l’habitude de sortir plusieurs fois par jour en voiture ou à moto doivent comprendre ».

Le président de transition n’a pas éludé la dimension sécuritaire de la crise : « Lors de l’escorte des convois, nous enregistrons malheureusement des pertes humaines : des embuscades, des camions qui prennent feu et des personnes qui meurent brûlées. Malgré ces risques, le carburant continue d’arriver dans les villes », a-t-il témoigné. Il a également sévèrement mis en garde contre le détournement ou la revente à prix élevé du carburant : « Ceux qui le font jouent en réalité le jeu de l’ennemi ».

La situation s’explique par la stratégie de la JNIM, qui a pris pour cible les camions-citernes transitant vers le Mali via le Sénégal et la Côte d’Ivoire. D’après les analystes, ces attaques ne sont plus seulement militaires, mais constituent une offensive économique visant à affaiblir la junte et à semer le doute dans l’opinion publique.

Depuis début septembre, des convois de carburant sont bloqués ou détruits : plus de cent camions-citerne ont été incendiés ou neutralisés, notamment dans la région de Kayes. Face à cette menace, l’armée malienne escorte désormais les convois mais reconnaît des pertes humaines et matérielles importantes.

Dans la capitale Bamako, les effets de la crise sont déjà largement visibles : longues files d’attente devant les stations-service, rationnements, hausse des prix et perturbations de la vie quotidienne. Le blocus mené par la JNIM met à l’épreuve la logistique d’un pays fortement dépendant des importations terrestres de carburant.

Pour Goïta, l’heure n’est plus uniquement à la réparation des dégâts : c’est un test de résilience pour la nation tout entière. Son appel aux citoyens va dans ce sens : adapter les comportements, limiter les déplacements non essentiels, soutenir l’effort collectif.

Plusieurs questions restent en suspens : la capacité réelle de l’armée à sécuriser les axes de ravitaillement à long terme, la durée de l’impact sur l’économie malienne et les conséquences sociales de la crise. Le discours de Goïta, tout en se voulant rassurant, souligne la gravité de la situation : « nous traversons une période difficile ».

Au-delà de la pénurie, c’est la crédibilité de la transition qui est en jeu : si la logistique vitale du pays — comme l’approvisionnement en carburant — est mise à nu, l’autorité de l’État peut être fragilisée.

La rédaction de la SENTV.info

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