SENTV : Face à la prolifération de dépôts illégaux de médicaments dans la ville sainte, le Syndicat des Pharmaciens Privés du Sénégal saisit la justice et appelle à une mobilisation générale.
C’est une alerte grave que lance le Syndicat des Pharmaciens Privés du Sénégal (SPPS). Dans un communiqué adressé à plusieurs médias nationaux, dont Dakaractu, l’organisation dénonce l’expansion incontrôlée de l’exercice illégal de la pharmacie dans la cité religieuse de Touba. Deux noms sont clairement cités : Thierno Cissé et Abib Mbaye, accusés de gérer des officines sans autorisation, respectivement en face des hôpitaux Cheikh Ahmadoul Khadim et Ndamatou.
Selon le SPPS, ces pratiques illégales ne sont pas de simples infractions administratives : elles mettent directement en péril la santé des citoyens. Les dépôts visés utiliseraient des signes, croix vertes et appellations réservées aux officines agréées, créant une confusion chez les patients et contournant les règles de dispensation des médicaments.
« Il est inadmissible de sacrifier la santé des citoyens au nom du désordre et de l’absence de sanctions », martèle le syndicat dans sa déclaration.
Après une campagne de sensibilisation entamée en 2022, y compris une rencontre avec le Khalife général des Mourides à la résidence Khadim Rassoul, le syndicat estime que les pratiques incriminées ont non seulement perduré, mais gagné en visibilité.
Devant l’inefficacité des rappels à l’ordre, le SPPS a décidé de passer à la vitesse supérieure. Un constat d’huissier a été dressé par Me Fatou Ndiaye, et deux affaires sont désormais enrôlées devant le Tribunal de grande instance de Diourbel. Elles seront examinées les 17 juin et 1er juillet prochains. Trois autres procédures similaires sont, selon les juristes du syndicat, en cours d’investigation.
Loin d’être un phénomène isolé, l’exercice illégal de la pharmacie est une problématique récurrente dans de nombreuses localités du pays. Mais le cas de Touba prend une dimension symbolique, en raison de son statut religieux et de sa forte fréquentation.
Pour les professionnels du secteur, la tolérance implicite dont bénéficient certains contrevenants dans la ville sainte envoie un message dangereux : celui d’un laxisme pouvant créer un précédent nuisible à l’échelle nationale.
« Si Touba devient une zone de non-droit pharmaceutique, c’est toute la chaîne du médicament qui est fragilisée », prévient un pharmacien de la région, sous couvert d’anonymat.
Un appel à l’action multisectorielle
Le SPPS appelle les autorités étatiques, sanitaires, judiciaires et religieuses à s’unir pour mettre un terme à ce qu’il qualifie de « fléau sanitaire majeur ». Le syndicat réclame une application rigoureuse des textes, mais aussi une implication claire des autorités religieuses locales, souvent sollicitées pour arbitrer les conflits dans la cité mouride.
« La santé publique ne peut être reléguée au second plan au nom d’une quelconque tolérance locale », insiste le syndicat, qui exige que les contrevenants soient poursuivis et les structures illégales fermées sans délai.
Ce dossier ravive également la problématique plus large du trafic de médicaments contrefaits ou non contrôlés, fléau qui tue chaque année des milliers de personnes en Afrique selon l’OMS. En 2023, une étude du ministère de la Santé avait estimé que plus de 20% des médicaments en circulation au Sénégal provenaient de circuits non autorisés.
La rédaction de la SENTV.info