Plan « Jubbanti Koom » sous le feu de l’APR : « Un redressement économique qui écrase les plus fragiles »
SENTV : Le plan de redressement économique et social « Jubbanti Koom », récemment dévoilé par le gouvernement sénégalais, fait l’objet d’une salve de critiques émanant de l’Alliance pour la République (APR), parti de l’ancien président Macky Sall. Lors d’un point de presse tenu ce jeudi à Dakar, la formation politique a tiré à boulets rouges sur les orientations économiques du régime Diomaye Faye, qu’elle juge inadaptées, injustes et dangereuses pour les couches vulnérables.
L’APR dénonce un désengagement budgétaire de l’État
Selon Mame Gueye Diop, porte-parole adjointe du parti, l’État ne mettrait que 100 milliards de francs CFA sur la table, soit à peine 2 % du volume global du plan « Jubbanti Koom ». Pour elle, cette contribution modeste traduit un abandon de responsabilité de la part du gouvernement.
« Comme si on demandait au peuple de relancer seul l’économie pendant que l’État reste spectateur, protégé dans son confort », fustige-t-elle.
L’APR reproche à l’exécutif de maintenir un train de vie élevé, tout en imposant de nouvelles charges fiscales aux ménages, entreprises, fonctionnaires et acteurs du secteur informel. Une approche qualifiée de « matraquage fiscal » par les Républicains, qui y voient un renoncement à toute justice sociale.
Un plan « obscur » et « inégalitaire », selon l’opposition
Au cœur des critiques : l’absence de clarté sur la répartition des ressources annoncées sur trois ans, et des prévisions fiscales jugées irréalistes et excessives. L’APR dénonce notamment les 4 605 milliards de francs CFA de recettes fiscales attendues, qu’elle juge reposant sur une base trop fragile.
« Ce plan, c’est une stratégie d’appauvrissement généralisé. Il sacrifie les plus modestes pour protéger les dépenses publiques inefficaces », a martelé Mame Gueye Diop.
Le parti estime que les mesures prévues auront pour effet direct une hausse du coût de la vie, avec des répercussions sur les prix des denrées alimentaires, des services de transport, de téléphonie et plus globalement sur la consommation populaire.
Risques sur le monde rural et la souveraineté foncière
L’APR s’inquiète également des conséquences du plan « Jubbanti Koom » sur le monde rural. Le parti évoque un « adou kalpé », un terme wolof qui traduit l’écrasement des campagnes, notamment par la suppression de subventions agricoles, la remise en cause des exonérations et une possible privatisation rampante du foncier.
« C’est un danger pour la souveraineté agricole et foncière du pays. Cela ouvre la voie à une marginalisation accrue du paysan sénégalais », prévient l’ancienne députée.
Une riposte politique se dessine
Au-delà des chiffres, l’APR dénonce un projet de société travesti en plan économique, et estime que le gouvernement actuel « instrumentalise la crise » pour faire passer des mesures impopulaires sous couvert de rigueur budgétaire. Elle accuse en outre le régime de Diomaye Faye de vouloir justifier ses politiques par des accusations non prouvées sur la gestion passée des finances publiques.
« Incapable de fournir au FMI des preuves des maquillages qu’il évoque, le régime se retourne contre le peuple avec un plan à logique punitive », insiste Mame Gueye Diop.
Pour l’APR, ce plan mérite lui-même un « redressement », qualifié ironiquement de « cinglant jubbanti ».
Alors que le gouvernement défend « Jubbanti Koom » comme un tournant vers la transformation structurelle de l’économie sénégalaise, l’opposition y voit un projet d’austérité masquée, socialement régressif et politiquement risqué. La bataille autour de ce plan ne fait que commencer, et pourrait bien structurer le débat public des prochains mois, à l’heure où la pression sur le pouvoir d’achat reste vive.
La rédaction de la SENTV.info