Procès en héritage : Me Moussa Bocar Thiam écarte toute comparution de Macky Sall devant la Haute Cour de justice
SENTV : Alors que la question de la reddition des comptes s’impose au cœur de la transition politique au Sénégal, Me Moussa Bocar Thiam, ancien ministre de la Communication sous Macky Sall, affirme dans un entretien accordé à L’Observateur que l’ex-président ne répondra « jamais » devant la Haute Cour de justice. Une prise de position tranchée, qui relance le débat sur la judiciarisation des responsabilités politiques au sommet de l’État.
Selon l’avocat, aujourd’hui maire de Ourossogui, les actions engagées contre les anciens dignitaires relèvent davantage de règlements de comptes que d’un réel souci de justice. Il qualifie toute éventuelle procédure contre Macky Sall de « mascarade judiciaire » et remet en question la solidité juridique de ces poursuites. À l’appui de sa thèse, il évoque l’article 101 de la Constitution sénégalaise, qui encadre strictement la définition de la haute trahison.
« Aucun magistrat sérieux n’engagera sa réputation dans une affaire aussi floue juridiquement. Les fautes de gestion ou détournements présumés ne sont pas des cas de haute trahison », martèle-t-il.
Un précédent historique convoqué
Me Thiam convoque un précédent marquant de l’histoire politique sénégalaise : l’affaire Mamadou Dia en 1963. Il rappelle que même dans ce contexte de crise institutionnelle majeure, l’avocat général Ousmane Camara n’avait pas requis de peine contre l’ancien président du Conseil, soulignant l’exigence d’impartialité qui incombe à tout magistrat.
Une justice instrumentalisée ?
Au-delà de la personne de Macky Sall, Me Thiam fustige ce qu’il considère comme une instrumentalisation de la justice. Il dénonce une volonté de « disqualification morale et politique » des anciens proches de l’ex-chef de l’État, à travers des mécanismes comme le cautionnement, qu’il juge biaisés.
« On veut faire croire que les anciens dignitaires disposent de fortunes inexpliquées. C’est une tentative de grand effacement sous couvert de justice. »
L’ancien ministre s’inscrit ainsi en faux contre la dynamique actuelle de « traque aux biens mal acquis », qu’il compare aux pratiques controversées de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) sous le régime de Macky Sall lui-même. Il appelle à une justice « impartiale, de bonne foi, sans manœuvres politiques ».
Des promesses électorales à l’épreuve du pouvoir
Me Thiam met également en doute la véracité de certaines accusations brandies durant la dernière campagne présidentielle : affaire Petrotim, supposés 94 milliards détournés, ou encore la gestion des fonds Covid. « Plusieurs de ces affirmations ont été invalidées par les faits depuis l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye », affirme-t-il.
Dans un climat politique encore chargé d’émotion post-électorale, ces déclarations tranchées viennent rappeler la nécessité de distinguer justice et vengeance, reddition de comptes et règlements de comptes.
La rédaction de la SENTV.info