Remaniement au sommet : Sonko renforcé, mais les défis restent entiers

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SENTV : Le remaniement ministériel opéré récemment au Sénégal continue de faire couler beaucoup d’encre. L’analyse du journaliste Madiambal Diagne, figure bien connue du paysage médiatique, met en lumière un basculement d’équilibre au sommet de l’État. Selon lui, le Premier ministre Ousmane Sonko ressort largement renforcé de cette nouvelle configuration gouvernementale, avec un pouvoir accru, presque sans partage — en dehors, bien sûr, du statut formel de chef de l’État détenu par le président Bassirou Diomaye Faye.

Pour Madiambal Diagne, ce réajustement est loin d’être anodin. Il considère qu’il consacre une forme de « présidentialisation » du poste de Premier ministre, voire un transfert tacite du centre de gravité du pouvoir exécutif. « Sonko a désormais toutes les cartes en main », résume-t-il, évoquant une latitude décisionnelle rarement observée sous les régimes précédents.

Mais cette lecture du remaniement ne se limite pas à une analyse de pouvoirs. Le journaliste pointe aussi du doigt un certain immobilisme stratégique. Il déplore que l’équipe au pouvoir n’ait pas suffisamment tiré de leçons des dix-huit premiers mois de gouvernance. Les crises récurrentes — inondations, tensions sociales, critiques sur la gestion des libertés — continuent de fragiliser la crédibilité du pouvoir, malgré les promesses de rupture.

Autre point de friction soulevé : l’économie. Diagne regrette l’absence de signaux rassurants à destination des investisseurs et des partenaires économiques. Pour lui, ce remaniement donne davantage l’impression d’un ajustement politique interne que d’un véritable tournant gouvernemental. « Une fuite en avant », dit-il, plutôt qu’un acte de gouvernance structuré.

Finalement, si ce remaniement conforte Ousmane Sonko à la tête du gouvernement, la question centrale demeure : cette montée en puissance suffira-t-elle à transformer les intentions politiques en solutions concrètes pour les Sénégalais ? La réponse, pour l’instant, reste suspendue aux actes à venir.

Contrairement à une partie de la presse qui se focalise sur le « retrait » supposé de Diomaye Faye ou sur un duel interne, cette lecture met en lumière une concentration du pouvoir qui interroge sur les équilibres démocratiques, tout en ramenant la critique sur la réponse — ou l’absence de réponse — aux urgences sociales et économiques. Le débat est moins sur « qui domine » que sur « que fait-on du pouvoir une fois obtenu ».

La rédaction de la SENTV.info

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