Sénégal – Rentrée scolaire 2025-2026 : une rentrée sous tension entre inondations et menaces sanitaires
SENTV : À la veille d’une rentrée scolaire déjà marquée par de multiples défis, certaines académies sénégalaises se retrouvent littéralement submergées : des salles de classe envahies par les eaux, des élèves contraints d’étudier dans des conditions précaires. Dans le même temps, la menace sanitaire se double d’une alerte épidémique : le Sénégal est confronté à l’apparition de nouveaux cas de Mpox et à une flambée inquiétante de fièvre de la vallée du Rift dans la région de Saint‑Louis. Face à ce double péril — infrastructurel et sanitaire — l’État se voit plus que jamais placé sous les projecteurs de la responsabilité publique.
Chaque année, la saison des pluies expose le système éducatif sénégalais à des risques persistants d’inondation. Cette rentrée 2025 ne déroge pas à la règle. Plusieurs écoles situées dans des zones basses ou mal drainées ont vu leurs salles de classe partiellement ou totalement inondées, rendant leur utilisation impossible. Des enseignants alertent que des meubles, du matériel pédagogique et des manuels scolaires sont endommagés, voire gâtés par l’humidité.
Pour plusieurs familles, les enfants doivent être relocalisés dans des classes provisoires, parfois sous tente ou en plein air, dans des conditions d’inconfort extrême. Dans certaines localités rurales, les élèves traversent des zones inondées pour rejoindre l’établissement — une situation dangereuse en particulier pour les plus jeunes.
Cette fragilité des infrastructures scolaires pose une question de fond : comment garantir l’égalité d’accès à l’éducation quand certaines écoles sont physiquement divisées entre celles qui restent praticables et d’autres tombées en ruine sous les eaux ?
Mpox et fièvre de la vallée du Rift : une double alerte sanitaire
Le Sénégal a récemment enregistré plusieurs cas de Mpox (anciennement variole du singe). Le ministère de la Santé a confirmé l’apparition de deux nouveaux cas, portant à quatre le nombre total d’infections détectées dans le pays à ce jour. Parmi les contacts suivis, certains ont été testés positifs, attestant d’une chaîne de transmission locale.
Le premier cas, déclaré le 22 août 2025, a été guéri et sorti de l’hôpital le 1er septembre. Toutefois, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) maintient son alerte : l’épidémie de Mpox continue d’être classée comme une « urgence de santé publique de portée internationale ». Dans ce contexte, le Sénégal appelle déjà à une surveillance accrue, à l’hygiène rigoureuse des contacts et à une sensibilisation renforcée des populations.
Si le Mpox inquiète modérément, c’est la fièvre de la vallée du Rift (FVR) qui affecte actuellement la région de Saint-Louis qui retient l’attention des autorités sanitaires. Au 25 septembre 2025, dix cas positifs ont été confirmés, parmi lesquels quatre décès déjà enregistrés. Une enquête préliminaire a permis de recenser 26 personnes ayant été en contact avec les malades confirmés, dont six présentaient des signes évocateurs. Les symptômes — forte fièvre, douleurs musculaires, fatigue, parfois hémorragie — peuvent être confondus avec d’autres pathologies virales ou infectieuses.
Le ministère de l’Élevage, quant à lui, mène des opérations de vaccination du cheptel depuis le mois d’août et renforce la surveillance épidémiologique dans plusieurs régions telles que Kaolack. Les autorités sanitaires insistent enfin sur les mesures de prévention : éviter le contact avec les animaux malades, consommer uniquement du lait pasteurisé, renforcer la lutte contre les vecteurs (moustiques).
La conjonction de la rentrée scolaire avec une fièvre zoonotique active engendre un risque réel de contamination dans les espaces communautaires, y compris dans les écoles situées en zone de proximité rurale ou périurbaine.
L’État dans la ligne de mire : responsabilité, lacunes et pistes d’action
La présence simultanée de déficiences structurelles et de menaces sanitaires place l’État devant un dilemme majeur : assurer une rentrée sereine ou s’exposer aux critiques sur sa capacité à protéger les enfants.
Ce que l’on attend des pouvoirs publics
Mobiliser rapidement les ressources pour sécuriser les écoles
Les établissements les plus vulnérables doivent bénéficier d’un diagnostic d’urgence, de travaux de drainage ou d’élévation des salles de classe, ainsi que de plans de relocalisation provisoires provisoires financés par l’État ou les collectivités territoriales.
Coordonner une réponse sanitaire proactive dans les établissements
Installer des dispositifs de lavage des mains, distribuer du matériel d’hygiène (savon, gels antiseptiques), et former le personnel éducatif à la détection précoce de symptômes liés au Mpox ou à la FVR. Des protocoles de quarantaine ou d’isolement doivent être prêtés à l’avance, en concertation avec le ministère de la Santé.
Renforcer la surveillance et la riposte des services de santé
La traçabilité des contacts, la capacité de laboratoire pour les diagnostics, et la mise en place de centres de gestion rapide des cas sont des impératifs. Le continuum entre surveillance humaine et animale (One Health) doit être consolidé, notamment pour la FVR.
Communiquer avec transparence et pédagogie
Informer parents, enseignants et élèves des risques, des mesures prises, et des comportements à adopter est essentiel pour éviter la panique ou retards dans la rentrée. L’établissement d’un canal officiel et fiable doit éviter les rumeurs ou désinformations.
Assurer la résilience à long terme du système scolaire
L’État doit intégrer dans ses politiques budgétaires un volet réadaptation climatique des infrastructures scolaires, prévoir des réserves pour faire face aux urgences et instaurer une planification pluriannuelle des investissements éducation-santé.
Des critiques émergent quant à la lenteur de l’intervention dans certaines zones inondées, au manque de coordination entre les ministères de l’Éducation, de la Santé et de l’Infrastructure, ou encore à la pénurie de personnel formé à la gestion d’épidémies en milieu scolaire. Certains techniciens scolaires dénoncent une planification ad hoc sans vision territoriale durable. De plus, dans les zones rurales frappées par la FVR, le manque d’effectifs vétérinaires, d’équipements de transport ou d’insuffisance des réseaux de surveillance accroît la vulnérabilité des communautés scolaires.
Par la rédaction de la SENTV.info