Santé publique : suicide, xeesal, diabète… l’Enquête STEPS révèle des fractures sanitaires régionales alarmantes

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SENTV : Publiée en juillet dernier, l’Enquête nationale STEPS sur les maladies non transmissibles (MNT), menée sous l’égide du Ministère de la Santé et de l’Action sociale avec l’appui de l’OMS, s’apprête à être vulgarisée cette semaine à travers tout le territoire. Mais déjà, les premières données dévoilées dans les colonnes de L’Observateur dessinent une géographie sanitaire à deux vitesses, marquée par de fortes disparités régionales en matière de santé mentale, métabolique et comportementale.

Diabète : Dakar et Thiès, épicentres d’une épidémie silencieuse

La capitale Dakar, avec 7,7 % de diabétiques, et la région de Thiès (5,2 %) dépassent largement la moyenne nationale estimée à 4,2 %. Cette prévalence inquiétante, liée notamment à la sédentarité, à l’urbanisation rapide et aux habitudes alimentaires, souligne l’urgence d’un dépistage précoce et d’une prise en charge accessible des patients atteints de cette pathologie chronique.

Hypertension : Saint-Louis, un cas d’école

À Saint-Louis, les chiffres sont particulièrement préoccupants : 43,3 % de la population adulte est hypertendue, un record national. Cette proportion, bien au-dessus de la moyenne, met en lumière une crise de santé publique silencieuse, exacerbée par un manque de suivi médical régulier et une méconnaissance des facteurs de risque cardiovasculaire.

Xeesal : Louga, Kaffrine et Kaolack en tête

Le phénomène de la dépigmentation volontaire (xeésal) reste profondément ancré dans certaines régions. Louga affiche 20,8 % d’utilisatrices de produits éclaircissants, suivie de Kaffrine et Kaolack (20 % chacune), bien au-dessus du taux national (15 %). Cette pratique, souvent liée à des normes esthétiques héritées de la colonisation et à des pressions socioculturelles, continue de poser un problème de santé dermatologique et endocrinienne majeur.

La prévalence des pensées suicidaires atteint des sommets à Fatick, avec 26,9 % des personnes interrogées déclarant avoir envisagé le suicide, soit plus du double de la moyenne nationale (13 %). Ce chiffre alarmant interpelle sur la détresse psychologique dans cette région, où les dispositifs de prise en charge en santé mentale restent largement insuffisants.

Violences physiques : Diourbel et Dakar en haut du classement

Enfin, l’enquête révèle des taux élevés de violence physique : 67,7 % à Diourbel et 59,2 % à Dakar. Ces chiffres traduisent non seulement une banalisation des agressions dans certaines zones urbaines et périurbaines, mais également une faiblesse de la prévention communautaire et de la réponse judiciaire face aux violences domestiques et sociales.

Un tableau préoccupant pour les décideurs

Ces données régionales fragmentées, loin d’être anecdotiques, pointent la nécessité d’une approche décentralisée des politiques de santé, adaptée aux spécificités locales. L’enquête STEPS, qui se veut un outil d’aide à la décision, appelle à une réorientation urgente des priorités sanitaires, notamment dans le domaine de la santé mentale, de la prévention des maladies chroniques et de la promotion de la santé communautaire.

La rédaction de la SENTV.info

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