SENTV : Dans une contribution publique au ton mesuré mais ferme, El Hadj Ibrahima Ndiaye, porte-parole du mouvement Sénégal Demain, a livré une analyse sans détour de la situation nationale. Sous le triptyque « Constater, proposer, avertir », il dresse le portrait d’un pays « à l’arrêt », cible selon lui d’un immobilisme politique dangereux pour sa stabilité future.
Un diagnostic sévère : “Le Sénégal est en mode pause”
Pour M. Ndiaye, les deux dernières années ont été marquées par « une paralysie généralisée » :
– chantiers suspendus,
– investissements publics en attente,
– administration ralentie,
– entreprises hésitantes,
– jeunesse bloquée dans son élan.
L’orateur ne met pas en cause une orientation économique ou un choix politique précis, mais ce qu’il qualifie de “gestion émotionnelle du pouvoir”, dominée selon lui par les ressentiments et les arbitrages politiques internes.
« Un pays ne se gouverne pas avec la rancœur. Il se gouverne avec une vision », résume-t-il.
L’homme politique, qui se veut pédagogue, juge que l’exécutif actuel « réagit plus qu’il n’agit », entraînant une perte de confiance des acteurs économiques et sociaux, alors que la croissance régionale montre déjà des signes de fragilité selon les institutions financières.
Un avertissement régional : “Le Sénégal n’est pas isolé”
Ndiaye replace son appel dans un contexte sahélien particulièrement instable. L’effritement institutionnel du Mali, la transition prolongée au Burkina Faso, les difficultés persistantes au Niger sont évoqués non pour alarmer, assure-t-il, mais pour contextualiser.
Selon lui, l’immobilisme est un risque stratégique dans une zone où les États fragiles ont montré à quelle vitesse ils peuvent basculer. Les menaces transfrontalières — criminalité organisée, pressions terroristes, tensions politiques — sont documentées par plusieurs rapports internationaux, et Ndiaye affirme que « tout pays immobile devient tôt ou tard vulnérable ».
Il convoque Michel Onfray et Léopold Sédar Senghor pour illustrer un propos qui veut se situer dans une tradition de réflexion républicaine : un pouvoir qui ne construit plus risque de « détruire », et aucun peuple ne peut survivre aux divisions durables.
Un plan d’action détaillé : “Le pays doit recommencer à fonctionner”
Loin de se limiter au constat, le porte-parole déroule une série de mesures « immédiatement applicables », qui, selon lui, pourraient relancer la dynamique nationale :
-
Plan d’Urgence Économique National (PUEN)
Accélération administrative, reprise des chantiers structurants, sécurisation des paiements publics, et réactivation des projets à forte valeur d’emploi. -
Programme massif pour l’emploi des jeunes
– modernisation des centres de formation technique,
– création de CFA sectoriels,
– incitations directes aux entreprises,
– mobilisation de la diaspora via la plateforme « La Porte du Futur – Sénégal »,
– objectif de 100 000 jeunes formés et insérés en deux ans. -
Stabilisation de la gouvernance
Il appelle à la fin des « purges » administratives et à un retour au dialogue institutionnel, au droit et à la prévisibilité politique — éléments régulièrement cités par les investisseurs comme déterminants dans leurs décisions. -
Protection sécuritaire renforcée
Renforcement des frontières, augmentation des capacités de renseignement, consolidation des zones sensibles : des priorités identifiées depuis plusieurs années par les observateurs internationaux du Sahel. -
Dialogue national élargi
Une table ronde réunissant État, secteur privé, diaspora et société civile, dans l’esprit des mécanismes concertatifs privilégiés sous Abdou Diouf.
Dans une posture qu’il qualifie lui-même de « républicaine », Ndiaye fixe un horizon : 100 jours pour constater un changement réel dans la gouvernance et l’action publique.
Faute de quoi, Sénégal Demain « prendra ses responsabilités » dans le cadre démocratique et légal. Le message se veut ferme mais non conflictuel : la main est tendue, mais la patience, dit-il, n’est pas infinie.
Reprenant Senghor — « Le Sénégal n’est grand que lorsqu’il se souvient qu’il a un destin » — et Abdou Diouf — « La paix n’est pas un héritage, c’est une construction quotidienne » —, Ndiaye conclut sur un appel à « réveiller la nation » sans la diviser.
Son texte, déjà largement relayé sur les réseaux sociaux, s’inscrit dans un moment politique où les interrogations sur la trajectoire économique, les tensions institutionnelles et la place du Sénégal dans un Sahel en recomposition occupent une part grandissante du débat public.