Sénégal : Une effervescence rituelle à l’approche de la Tabaski

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SENTV : À quelques jours de la Tabaski, appelée également Aïd el-Kébir, le Sénégal vibre au rythme des préparatifs de cette fête musulmane majeure. Dans les marchés, les rues, les maisons, l’effervescence est palpable. Entre quête du mouton parfait, achats de tenues traditionnelles et organisation des retrouvailles familiales, le pays entier s’engage dans un rituel à la fois spirituel, social et économique.

Une course contre la montre pour le mouton

Symbole central de la Tabaski, le mouton – ou ram en wolof – devient l’objet de toutes les attentions. Dès l’aube, les foires aux bétails de Dakar, Thiès, Kaolack ou Saint-Louis se remplissent de potentiels acheteurs scrutant les bêtes avec soin. Le choix n’est pas anodin : l’animal doit être robuste, sans défaut, et conforme aux préceptes religieux.

Le commerce bat son plein, et les prix s’envolent, alimentés par une demande toujours plus forte. Certains n’hésitent pas à se déplacer jusqu’aux zones rurales pour bénéficier de tarifs plus avantageux. « Chaque année, c’est le même casse-tête, mais c’est un devoir religieux et un honneur pour la famille », confie Mamadou, fonctionnaire à Rufisque, venu acquérir un mouton à Mbour.

Les tailleurs sur le pied de guerre

Autre scène incontournable : les ateliers de couture. Dans un vrombissement continu de machines à coudre, tailleurs et couturières travaillent sans relâche pour livrer, à temps, boubous, grand boubous et ensembles brodés. Le vêtement de la Tabaski est une fierté : il reflète non seulement la tradition mais aussi le statut social.

« On reçoit parfois plus de 100 commandes en une semaine », explique Aissatou, couturière à Pikine. « Il faut jongler entre les urgences et les exigences des clients. C’est stressant, mais ça fait partie de la fête. »

Une économie parallèle en pleine effervescence

La Tabaski génère une activité économique intense et saisonnière. Vendeurs ambulants, coiffeurs, cordonniers, transporteurs : tout un écosystème tire profit de cette période. Les banques, elles aussi, enregistrent une hausse des retraits et des demandes de crédits spécifiques, parfois appelés « crédits Tabaski ».

Les autorités rappellent régulièrement aux citoyens les consignes d’hygiène, de sécurité et de gestion des déchets, notamment en ce qui concerne l’abattage des animaux. Dans les grandes villes, des points d’abattage autorisés sont mis en place pour éviter les débordements et préserver la salubrité publique.

Une fête de foi et de partage

Au-delà de l’effervescence commerciale, la Tabaski reste avant tout une fête religieuse. Elle commémore la soumission du prophète Ibrahim à Dieu, qui accepta de sacrifier son fils avant que celui-ci ne soit remplacé par un mouton. Pour les fidèles, le sacrifice rituel est un acte de foi et de générosité, destiné à être partagé avec les proches et les plus démunis.

Les mosquées se préparent à accueillir des milliers de fidèles pour la prière collective du matin, moment solennel et fédérateur. Puis, les familles se retrouvent autour de repas copieux, ponctués de visites et d’échanges de vœux.

Au Sénégal, la Tabaski est bien plus qu’une simple fête. Elle est le reflet d’un tissu social solidaire, d’une ferveur religieuse profonde et d’un sens aigu de l’hospitalité. Si les défis économiques pèsent sur certains ménages, l’esprit de partage et de fraternité continue de porter cette célébration emblématique de l’islam sénégalais.

 

La rédaction de la SENTV.info 

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