Souveraineté économique : Sonko amorce un virage historique pour le Sénégal

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SENTV : Lors du Forum d’investissement 2025, le Premier ministre sénégalais a annoncé la suspension des programmes avec les bailleurs internationaux et annoncé un plan de relance fondé sur les ressources locales et la participation citoyenne.

Le Forum d’investissement 2025, tenu ce mardi dans la capitale sénégalaise, a été le théâtre d’une annonce forte : le Sénégal entame une rupture nette avec sa dépendance vis-à-vis des institutions financières internationales. Ousmane Sonko, Premier ministre depuis avril 2024, y a présenté les fondements d’un plan de relance économique porté par une ambition souverainiste inédite dans l’histoire récente du pays.

« Nous avons choisi de partir sur une nouvelle base », a-t-il déclaré d’un ton ferme.

« Le programme avec les bailleurs, notamment les institutions internationales, a été suspendu jusqu’à nouvel ordre. »

Une décision radicale, justifiée selon lui par le constat que, malgré l’absence de financements extérieurs depuis un an, le pays a continué de fonctionner. « Aucun décaissement n’a été effectué au profit du Sénégal… Pourtant, le Sénégal est encore debout. »

Une stratégie de rupture assumée

En refusant de reconduire les accords avec le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale, Sonko veut réorienter les leviers de développement vers une logique « endogène ». Son discours s’inscrit dans une critique de longue date d’un modèle de croissance dicté par l’extérieur, souvent conditionné à des politiques d’austérité impopulaires.

« Le développement doit être endogène, dans son financement comme dans sa mise en œuvre », a-t-il martelé, rappelant que ce principe figure au cœur de son engagement politique depuis plus d’une décennie.

Un Plan de relance « par et pour les Sénégalais »

Le chef du gouvernement a annoncé la publication imminente d’un Plan national de relance économique. Ce programme devrait s’appuyer sur les capacités internes du pays : fiscalité renforcée, mobilisation de l’épargne nationale, et incitations à l’investissement local. Le rôle des entreprises sénégalaises, des collectivités territoriales et des citoyens y serait central.

Dans un contexte de tensions internationales et de pressions sur les économies africaines, Sonko a aussi tenu à alerter sur les risques d’une telle posture. « Chaque fois qu’un pays africain a voulu assumer sa souveraineté, il a dû faire face à des tentatives de déstabilisation. Nous sommes préparés. »

Le Sénégal, un laboratoire d’alternatives

Au-delà des défis, le Premier ministre affirme que le cas sénégalais peut servir de modèle. Il parle d’un « laboratoire » capable d’inspirer d’autres États du continent.

« Ce que nous expérimentons aujourd’hui est un acte de foi en nos propres capacités. Cela doit parler à tous les pays africains. »

Cette approche, saluée par certains comme audacieuse et contestée par d’autres pour ses incertitudes, pourrait transformer durablement la trajectoire économique du Sénégal.

Contexte économique :

  • Croissance du PIB (2024) : +4,1 % (ANSD)

  • Dette publique : 72,3 % du PIB

  • Taux de chômage : environ 20 %

  • Part des financements extérieurs dans le budget de l’État (2023) : 35 %

  • Fin des décaissements FMI : depuis juin 2024

Le gouvernement de Sonko tente une voie difficile, entre idéal d’autonomie et réalité budgétaire. Le pari du financement local dépendra de la capacité à mobiliser efficacement les ressources nationales, sans affaiblir les services publics ou provoquer une fuite des investisseurs. Cette transition exigera des arbitrages politiques, mais elle marque une volonté claire : rompre avec un modèle hérité de la post-colonisation.

La rédaction de la SENTV.info 

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