Tensions persistantes entre Sonko et l’UMS : une main tendue rejetée et un flou institutionnel assumé
SENTV : Une tentative de désamorçage du conflit entre le pouvoir exécutif et le corps judiciaire a avorté ce week-end, dans un contexte de crispation institutionnelle. Une initiative visant à renouer le dialogue entre le Premier ministre Ousmane Sonko et l’Union des magistrats du Sénégal (UMS) a été catégoriquement rejetée par les magistrats, accentuant une fracture déjà bien visible.
L’information a été largement relayée ce lundi par la presse sénégalaise : Alassane Ndiaye, magistrat en fonction et conseiller juridique du chef du gouvernement, aurait discrètement approché l’UMS pour proposer une rencontre. Objectif affiché : apaiser les tensions après les déclarations à charge du Premier ministre contre une justice qu’il qualifie régulièrement de « politique et instrumentalisée par les régimes précédents ».
Mais cette main tendue a suscité une levée de boucliers au sein du corps judiciaire. Selon plusieurs sources internes à l’UMS, les magistrats de la base ont majoritairement rejeté toute perspective de dialogue tant qu’Ousmane Sonko ne présente pas des excuses publiques pour ses propos jugés « inacceptables et attentatoires à l’indépendance de la justice ».
L’organisation syndicale des magistrats, fidèle à sa tradition de prudence, n’a pas officiellement communiqué sur le sujet. Mais le silence observé est largement interprété comme un refus catégorique. Dans les coulisses, certains juges dénoncent une tentative de récupération politique, voire un coup de communication mal dissimulé.
Flou et démenti à la Primature
Interrogée sur l’affaire, la Primature a botté en touche. Selon des sources proches du cabinet du Premier ministre, aucune démarche officielle n’aurait été entreprise en direction de l’UMS. L’initiative serait donc personnelle et non concertée, isolant ainsi Alassane Ndiaye, dont le double statut – magistrat et conseiller – pose question dans ce dossier sensible.
Ce démenti renforce le climat d’ambiguïté autour des intentions réelles du chef du gouvernement. Car depuis son arrivée à la Primature en avril 2024, Ousmane Sonko a multiplié les sorties critiques à l’égard de l’institution judiciaire, l’accusant d’avoir été un « bras armé des répressions politiques » durant ses démêlés judiciaires, notamment dans les affaires Sweet Beauty et PASTEF.
Un bras de fer qui s’installe
Le dialogue entre les pouvoirs semble aujourd’hui au point mort. Cette nouvelle tentative échouée met en lumière un bras de fer de plus en plus institutionnalisé, où le respect des équilibres républicains est mis à rude épreuve. Les magistrats, soucieux de défendre leur indépendance, refusent d’être associés à un quelconque processus politique. De son côté, le Premier ministre, auréolé d’un fort soutien populaire, semble vouloir imposer une réforme en profondeur du système judiciaire.
Le risque d’une confrontation durable entre l’exécutif et le pouvoir judiciaire n’est plus à exclure. Dans un contexte post-électoral encore fragile, la consolidation de l’État de droit reste plus que jamais au cœur des enjeux démocratiques au Sénégal.
La rédaction de la SENTV.info